"The great
escape" est le deuxième album du guitariste italien basé à
Berlin Isaac de Martin alias Ike. Peuplé de quelques pointures (Simona Turk sax ténor, les batteurs anglais Jack Baker et finlandais Niklas Ahlsved, le trompettiste américain Matt Giella, l'excellent bassiste italien Giovanni Frison...), le disque est prometteur. Et dès le départ, on semble parti pour un voyage
jazzy aux tonalités douces et intimistes, à la Gary Burton d'antan,
une basse sinueuse, aventureuse, entrainante, tiens de l'électro,
réminiscences Medeski, Martin & Wood, tiens tiens un quatuor à
cordes, ce jazz-là devient un rien progressif, mais pas chiant,
toujours de bon aloi, grâce notamment au saxophone douillet et
capiteux, très "West coast" à la Mulligan.
Tout change avec
l'irruption de la chanteuse Sera Kalo après trois morceaux. Et nous voilà
plongés dans un classicisme trip hop comme on en pondait du côté de
Bristol. Un peu daté, et surtout entrecoupé d'interludes
briseurs de continuité, et par là gênants ("Ethics of the
sun", "Frank, i'm illegal").
Quant au final,
"Kurbis", il est lui totalement hors sol, comme greffé à
l'ensemble, optant sur près de dix minutes pour un voyage
méditatif à la Popol Vuh des BO de Werner Herzog.
"The great
escape" casse ses propres ambiances, comme un manque de
direction, proposant un chemin finalement déroutant, que l'on n'est
pas sûr d'avoir envie d'emprunter à nouveau.
