But we have the music

It's Jo & Danny

par Jérôme Florio le 28/10/2003

Note: 7.0    

"We are ugly but we have the music", le titre du deuxième album d'It's Jo and Danny, est tiré d'une chanson de Leonard Cohen, "Chelsea Hotel #2". Pourtant, Jo Bartlett et Danny Hagan habitent à quelques milliers de kilomètres du quartier bohème new-yorkais, à la campagne, dans un coin perdu du Pays de Galles ; cela explique peut-être que leur musique soit si foncièrement peace, indolente, dépourvue de toute agressivité urbaine. Une simplicité sans artifices, une attitude au naturel, bio et zéro pour cent matière grasse.

Jo et Danny jouent une pop au format classique ("Let it happen", "A.n.d.", "Summer rain"), qui a fait ses preuves : deux accords de guitare en arrière-plan, acoustique ou légèrement saturée, la rythmique se contente de marquer les temps, avec la voix claire de Jo par-dessus. Et puisqu'on est à la campagne, donc au vert, quelques touches électroniques évoquent l'électropop de St-Etienne, ambiance dansante et baba-cool ("Godsend") ou carrément détendue ("Better off" et sa trompette). Justement, ce disque sonne très "indie-pop", terme déjà hors d'usage qui désignait la vague de musique dite "indépendante" dans les années 90. Et cela donne envie de réécouter quelques groupes un peu plus doués mélodiquement, comme les hippies de Me ("Harmonize or die"), ou davantage encore Shelleyan Orphan, groupe malchanceux et lui aussi campagnard, aux chansons mutines et mélancoliques subtilement tissées de cordes - on imagine avec un petit pincement au coeur ce que le chant ensorcelant de Caroline Crawley aurait apporté à "The sooner" ou "Lost and found". Quelques instrumentaux aux thèmes bucoliques ("Cool breeze", "Sound of barra", "Stella maris") balisent le parcours du disque, plus réussi en son milieu que sur ses franges.

"But we have the music" ne recèle pas beaucoup de secrets et de tiroirs à double-fond : difficile de faire plus anti-stars et moins poseurs que Jo et Danny. D'où un côté sans nul doute très frais et reposant, mais aussi quelque peu dépourvu d'urgence. Un robinet d'eau de source pop qui ne laisse qu'une impression fugitive, mais certes cent fois plus potable que la mixture boueuse et calcaire qui pollue les ondes.