Smile

Jacky Terrasson

par Sophie Chambon le 30/11/2002

Note: 6.0    

Dans "Smile", Jacky Terrasson continue à reprendre des mélodies du répertoire de la chanson française, dans la lignée du précédent album "A Paris". Cet album consacre l’arrivée d’un nouveau trio, composé du contrebassiste Sean Smith et du batteur Eric Garland, Ugonna Okegwo et Leon Parker ayant décidé de se consacrer à leurs carrières respectives. On a écrit le plus grand bien de cette nouvelle formation, et dès l’ouverture, "A parisian thoroughfare" rend dignement hommage au thème célèbre de Bud Powell. Puis on applaudit à l’idée de reprendre un des thèmes forts de la BO de "Mo better blues", ritournelle envoûtante, jouée finement par Terence Blanchard dans le film de Spike Lee. D’où vient alors qu’à mesure que l’écoute progresse, l’ennui s’installe ? On ne peut nier pourtant le plaisir, l’enthousiasme même avec lequel le jeune pianiste se donne à son clavier. Oui mais justement cette ardeur deviendrait rapidement suspecte. En quoi cette énième lecture de standards apporte-t-elle quelque chose de plus aux originaux que l’on reprend plaisir à écouter comparativement ? Trop de notes, trop d’effets, dans un répertoire que l’on jugera racoleur. Comme le pianiste ratisse large, le mélange qui pourrait être savoureux fait perdre à l’album toute cohérence : en effet on passe des standards du jazz aux chansons de notre mémoire collective "Sous le ciel de Paris" sans oublier certains tubes "Isn’t she lovely" de Stevie Wonder ou le dernier triomphe d’Henri Salvador "Le jardin d’hiver" écrit par Keren Ann (bonus en "cadeau" pour le public européen, avec "L’éducation sentimentale" de Maxime Le Forestier, pour renforcer le lien avec l'album précédent). Manque d’inspiration ? Si on considère l'une de ses propres compositions, "L'air de rien" par exemple, écrit après avoir goûté à une cuvée de St Emilion sauvée d'un vin de grêle, on est quelque peu confirmé dans cette idée : dilué et en définitive assez banal, ce thème justifierait presque de transformer son titre en "Beaucoup de bruit pour rien".