Man enough to be a woman

Jayne County & the Electric Chairs

par Chtif le 29/05/2006

Note: 3.0    

La carrière de Wayne County ressemble au parfait parcours du combattant punk, à ceci près qu'il a choisi de franchir les obstacles... en jupette et bas résille.

Proche d'Andy Warhol dans le New York du Velvet, Wayne se produit dans la pièce "Femme Fatale" dès 1969, et forme son premier groupe glam en 1972. L'époque est décadente, androgyne, idéale pour Wayne qui laisse libre cours à ses penchants pour les vêtements féminins. Il faudra toutefois attendre 1975 pour que sa carrière démarre réellement. Avec les Ramones ou autres Damned, c'est toute une révolution qui se trame alors dans les arrières-salles du CBGB's et du Max's Kansas City. Wayne y est aux premières loges, véritable acteur des premières heures du punk, et fait même preuve d'un flair remarquable en s'exilant à Londres en 77, pour l'explosion du mouvement. Wayne County & the Electric Chairs est né, et s'impose rapidement grâce aux radicaux "Fuck off" et "Toilet love". C'est en 79, juste avant son départ pour Berlin (encore un bon choix au bon moment) que Wayne devient "officiellement" Jayne. Plusieurs performances suivront dont la pièce transgenre "Les girls" aux côtés de Holly Woodlawn (l'ex ado de la Factory et travesti, fameux Holly du "Walk on the wild side" de Lou Reed).

Le concert qui nous préoccupe aujourd'hui date du festival "Holidays in the sun" (hommage aux Pistols), cru 95. Effectivement, Jayne a pris de la bouteille. La transformation n'était déjà pas une franche réussite esthétique au début, alors maintenant... Si le côté phénomène de foire fait son petit effet deux minutes, il faut bien admettre que l'aspect musical de l'affaire laisse dubitatif. Ca démarre pourtant sur les chapeaux de roue avec le classique "Night time", des Strangeloves (en réalité le trio de producteurs Feldman, Goldstein, Gottehrer, voir le Nuggets Vol1), mais la voix rauque de Jayne fait cramer les plaquettes de frein. Ca ne s'arrangera pas par la suite. Notre meneuse de revue s'y connaît assurément en matière de spectacle, mais ses gesticulations déglingués lassent plus qu'elles n'excitent. Même le poids lourd "If you don't want to fuck me baby, baby fuck off" vient mourir sur la glissière (on imagine le nombre d'éconduits...). Et le son faiblard n'arrange rien. Dommage car le groupe derrière bastonne convenablement. Comme beaucoup de peep-girls en fin de course, Jayne County est passée des paillettes aux rades miteux dont elle ne ressort que pour quelques (a)mateurs d'ex-starlettes à la chair flasque, mais chargée de souvenirs. Triste conclusion mais bon sujet d'émission pour la télé-poubelle.