Blue 3rd

Jean-Jacques Milteau

par Sophie Chambon le 19/01/2004

Note: 8.0    

Le dernier album "Blue third" du français Jean-Jacques Milteau confirme la réputation de celui qui s’est fait connaître comme accompagnateur, puis a tourné en première partie de nombreuses vedettes de la chanson (Michel Jonasz, Eddy Mitchell), avant de rencontrer un succès mérité pour son propre travail sur le blues.

Il a compris qu’il y avait un vrai bonheur à se faire accompagner à son tour, à condition de savoir choisir ses invités. Il s’entoure ici de musiciens de qualité, le trop rare Bobby Rangell à la flûte, l’excellent Howard Johnson qui souligne au tuba l’intérêt de certains thèmes comme "Fishing blues" et "Sunday morning" mais aussi des chanteurs comme le "monstre secret" Terry Callier. Le blues est souvent indissociable de voix chaudes, sans artifice, un peu éraillées et traînantes, aux inflexions du Sud. Sur un seul titre, révélateur de l’esprit de cette musique "Home is where is the hatred is" le formidable Gil Scott Heron, qui a connu bien des vicissitudes ses dernières années, nous fait ressentir une émotion très réelle, charnelle. Après cela, on sera plus réticent sur les qualités vocales, et le feeling exprimé par la chanteuse N’Dambi sur "Daddy’s gone".

Entre blues, soul, et jazz, on navigue avec bonheur dans des registres qui parlent à tous, souvent sur tempo moyen. Milteau sait s’effacer devant ses partenaires, mais il n’est jamais très loin : après un solo velouté de Benoît Sourisse à l’orgue ou au piano électrique, il nous gratifie d’interventions justement efficaces. Si l’album démarre sur les chapeaux de roue avec le titre éponyme, la rythmique s’en donnant à cœur joie avec un orgue alerte soutenant Milteau, c’est l’harmonica qui a le dernier mot avec la reprise du "What a wonderful World"d’Armstrong… Un disque composé avec soin et intelligence, bien agréable en somme. Oh yeah !