Madame Deshoulières

Jean-Louis Murat & Isabelle Huppert

par Francois Branchon le 08/04/2001

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Contre l'amour


Mais le coeur de l'inhumaine se taisait obstinément, quand le coeur se tait Climène tout parle inutilement... Du luth, de la viole de gambe et du moog, des textes précieux connus de quelques seuls initiés de la littérature de salons, et Isabelle Huppert au-dessus du gateau ! La maison de disques a sorti du bout des doigts la dernière folie de Jean-Louis Murat (après avoir refusé la précédente, sur le même concept, à partir de poèmes d'une correspondante). Voilà qui dédouane Murat d'avoir ourdi un quelconque plan commercial et rend la situation saine pour dire que ce disque est beau, et se féliciter qu'il ait trouvé un public. Madame Deshoulières était une moderne, par opposition aux classiques de son dix-septième siècle, mais aussi par la modernité de ses thèmes, totalement dans son temps. Jean-Louis Murat s'est saisi de ses textes et grâce à des mises en musique parfois très belles, a réussi à les rendre intemporels, les sublimer même, "Contre l'amour" et son clavecin, "Entre deux draps", "Ode à Climène". Le chant est alterné, le plus souvent c'est Murat, Huppert se chargeant plutôt des transitions. Certes, Isabelle Huppert n'est pas une chanteuse, mais au contraire d'une Deneuve qui reste toujours sur son quant-à-soi, Huppert s'implique et parvient à donner du corps et une âme aux textes, y met suffisamment de vie pour faire oublier qu'elle 'parle' plus qu'elle ne 'chante'. De beaux arrangements simples et doux, co-écrits avec Daniel Meter ("Ode à Climène"), et d'autres plus 'rock', superbes ("Les attraits") qui font regretter la trop faible utilisation des guitares et de la basse. (La bio et l'oeuvre de Madame Deshoulières, l'arrangeur Daniel Meyer à cette adresse : http://www.madamedeshoulieres.com)