Douceur lunaire

Jean-Marc Jafet

par Frédéric Joussemet le 22/11/2000

Note: 3.0    

Jean Marc Jafet fait partie de ces bassistes ayant vu Jaco Pastorius tel la vierge à un arrêt d'autobus : un choc et une révélation. C'est comme ça qu'il faut faire de la basse et pas autrement, d'ailleurs enlevons du manche ces frettes superflues... La musique développée ici s'en ressent forcément : c'est du jazz-rock qui s'expose, morceau par morceau, teinté de diverses touches de fantaisie, plus en aquarelle qu'en éclats impressionnistes. La base reste tout de même du jazz-rock sans grande originalité ni beaucoup de vie. Il n'y a - presque - pas de concours de vitesse (un bon point à son actif), mais pas d'idées exprimées non plus, juste un chapelet de compositions qui lassent. Pour la première fois, Jean-Marc Jafet officie à la contrebasse sur plusieurs morceaux, et c'est là qu'il s'en sort le mieux. Les notes sont plus réfléchies et laissent passer les influences d'un jazz traditionnel qui profite de la formation oeuvrant sur le disque : cinq cuivres (dont les frères Belmondo aux saxophones et trompettes), une guitare, un piano et un harmonica. Alain Asplanato a été choisi pour compléter la rythmique, et s'en tient au minimum syndical : inutile de compter sur lui pour nous réveiller, c'est le premier à se reposer sur ses acquis. L'harmonica quant à lui se noie dans un flot de mièvrerie affligeante. Deux morceaux sortent du lot. "Neguev Desert" tout d'abord : parodie consternante des vocaux de Christian Vander - avec qui Jafet a joué dans Offering - elle est le point culminant du ridicule qui entoure l'album. "Mr Aldo" est la meilleure tentative : une fois le thème passé, le solo de contrebasse transmet enfin un peu de sentiment dans ce flot d'ennui. Peut-être qu'en quittant son monde un peu guimauve, Jean-Marc Jafet parviendrait à produire une musique plus solide que le sable.