A la Cigale

Jeanne Cherhal

par Igor Wagner le 13/11/2005

Note: 5.5    

On serait malvenu de critiquer ici Jeanne Cherhal, puisque Sefronia fut un des premiers media à parler d'elle en août 2001, quand elle autoproduisait son premier album, vendu alors à la seule Fnac de Nantes. Depuis, Jeanne a eu le nez de signer chez (ou la chance d'être signée par) Tôt ou Tard, label à la notoriété en pleine inertie ascendante, chouchou des bobos France Inter / Telerama qui croient dur comme fer que le plomb se transforme tôt ou tard en or.

Un phénomène d'inertie initié par le succès démesuré du très chiant Vincent Delerm, qui profite à l'ensemble du wagon, aux plus anciens (Thomas Fersen, Bumcello) comme aux derniers montés (Jeanne Cherhal, Da Silva), grâce évidemment au "donnant-donnant", vieux classique de pratique promo à destination des grands media - "Je te donne Fersen, tu me prends Cherhal" -. On arrive ainsi à des succès parfois aussi démesurés que pouvait l'être le silence avant la reconnaissance.

Loin de nous l'idée donc de taper sur Cherhal, elle est sympa, pas bégueule, discute gentiment entre les chansons, joue bien du piano, chante tranquillement, fait bien sonner ses cordes, son accompagnateur guitariste Eric Löhrer tout aussi proprement, et comme elle le dit benoîtement : "Ah l'année dernière ici à la Cigale, en première partie de Thomas Fersen (lol !) j'avais moins de place !". Aujourd'hui en 2005, c'est donc une "vedette", elle a toute la scène pour elle et plus seulement 80 cm devant le rideau, mais encore faut-il pouvoir occuper l’espace, et pour les épaules c'est pas encore ça. Même si ses textes abordent des thèmes non anodins (menstruations, adultère...), l'ambiance reste trop ordinaire et empêche toute idée de dépassement. Pour tout dire, on a l'impression de croiser sa petite voisine cool et un peu fofolle, on s'emmerde gentiment.