Reckless burning

Jesse Sykes & Sweet Hereafter

par Jean Daniel Mohier le 24/12/2005

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Reckless burning


C'est en 1998, au Hattie's Hat, un bar de Seattle que la chanteuse Jesse Sykes rencontra Phil Wandscher, guitariste original du groupe Whiskeytown. C'est ainsi qu'ils commencèrent à jouer de la musique ensemble et qu'ils attirèrent l'attention des futurs Sweet Hereafter, la violoniste Anne Marie Ruljjancich (connue pour ses collaborations aux disques des "Walkabouts"), le contrebassiste Bill Herzog et le batteur Kevin Warner.

Ils se mirent alors à composer ensemble et à délicieusement faire dériver une country traditionnelle (le groupe reprend volontiers du Hank Williams en concert) vers une musique très personnelle, mélange de toutes les racines américaines, blues, folk et country. Jesse Sykes and the Sweet Hereafter font voyager l'auditeur à un rythme lent, qui lui laisse le temps d'apprécier le paysage. Subtilement électriques, la plupart des chansons résonnent comme des complaintes sans âge, comme si elles n'étaient que des reprises de chansons beaucoup plus anciennes, patinées par les ans, ou exhumées d'illustres grimoires du temps des premiers colons, quand l'Ouest était sauvage et ne s'achevait pas encore sur l'océan (Reckless burning", "Your side now", "Love me someday"...). Mais des chansons aux paroles un peu moins intemporelles tirent tout aussi bien leur épingle du jeu (la magnifique "Drinking with strangers" et ses arrangements vocaux doux et intenses).

Car on imagine mal une chanson de Sykes reprise par une autre. Sa voix est unique, et transporte avec elle douceur et désillusion, amertume et espérance, dans un même élan. Si l'on voulait à tout prix trouver un équivalent à cette voix, on pourrait imaginer un mélange de Marianne Faithfull et de Rickie Lee Jones. Mais on serait encore loin de la vérité. L'album s'achève sur "Lullaby", une berceuse tendre portée par une ligne de violon délicate dont, comme le reste du disque, on ne ressortira pas indemne.