School

Jim Bob

par Jérôme Florio le 30/04/2006

Note: 7.0    

Retour sur les bancs de l'école pour Jim Bob, autrefois leader des dissipés Carter The Unstoppable Sex Machine (Carter USM, qui a connu un certain succès outre-manche au début des années 90). Un joyeux drille qui ignore les remarques de ses professeurs et n'en fait qu'à sa tête : "School" est un "concept-album" qui prend pour fil conducteur la vie d'une école défraîchie pour adolescents difficiles.

On n'a pas d'infos sur la scolarité de Jim Bob, mais on la devine un peu moins douloureuse que celle décrite par John Lennon dans "Working class hero". L'atmosphère ici est enjouée, un orchestre de douze musiciens (piano, trompettes, trombone, glockenspiel, banjo...) amène une coloration de "marching band" - sorte de fanfare comme il y en a dans les universités américaines. Le résultat, s'il ne joue pas dans la même catégorie que le doué Sufjan Stevens, n'en est pas moins très sympathique : Jim Bob dresse une galerie de portraits sur le mode de "Short cuts", sans toutefois la virtuosité et la hauteur de vue de Robert Altman. "School" serait plus proche d'un "Another brick in the wall" version muzak. Tantôt observateur tantôt acteur, Jim nous promène dans la bonne humeur au travers des histoires intimes des élèves, qui font tourner en bourrique la prof de cuisine, et le proviseur submergé par les tâches administratives rêve en secret de transports amoureux (complainte genre "Le blues du businessman", on est loin de la cruauté de "The headmaster ritual" des Smiths !). Jim Bob a même une pensée pour le factotum, employé à réparer les petits soucis matériels et à nettoyer les cochonneries des élèves, qui arrive à l'âge d'une retraite insuffisante ("Taking care of the caretaker"). Une approche assez sociale, qui doit bien parler aux anglais dans cette relation d'amour-haine qu'ils entretiennent avec leur système scolaire et la violence des rapports de classe. Il aurait été étonnant que tout ne parte pas en vrille, et Jim Bob cède à ses fantasmes en faisant se révolter les élèves ("School wars", "The mufty day riots" – lors du "mufty day" il est permis de laisser tomber l'uniforme pour porter les vêtements de tous les jours).

"School" recèle quelques réussites gouailleuses et entraînantes ("Absomania", "The first big concert of the orchestra") qui donne envie de s'intéresser un moment à cette chronique tendre et mordante.