Electric ladyland

Jimi Hendrix

par Francois Branchon le 27/07/2010

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
All along the watchtower
Voodoo child (slight return)

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Qui poussa en 1968 Jimi Hendrix à s'embarquer dans un double album ? Et le voulait-il vraiment ? Chas Chandler, son manager-producteur, celui qui l'avait cadré sur des formats imposés de trois minutes pour les deux premiers albums, fatigué des multiples problèmes de dope de son poulain jette l'éponge dès le début des sessions et le laisse seul à son sort. Hendrix va s'affranchir des contraintes, et se laisser aller, chien fou en liberté. Alors, lorsque parut le double vinyle, nous fumes nombreux à être déroutés, car le Jimi qu'on connaissait (qu'on aimait), le guitariste, s'y effaçait (souvent) derrière un Jimi explorateur (bruiteur), "... And the Gods made love", ou longuement jammeur, "Voodoo chile". Déroutés, et aussi frustrés, de l'absence de cette densité mélodique permanente dont débordaient "Are you experienced" et "Axis bold as love" et de la parcimonie avec laquelle Hendrix se livrait à la guitare, sans être nécessairement séduits par toutes les innovations de studio (bandes à l'envers) et de sons (phasings en tous genres) dont regorgeaient les quatre faces, à moins d'être sous influence de son fournisseur préféré de pilules.

Quarante ans plus tard, "Electric ladyland" peine toujours à supporter une écoute complète, et lorsque c'est le cas, n'incite pas franchement à recommencer au début.
Il y a bien sûr les grands morceaux, "Gypsy eyes", "Crosstown traffic", "Voodoo child (slight return)", "Burning of the midnight lamp" (très 1967), "1983... a merman i should turn to be", la démonstration de wah-wah de "Still raining, still dreaming" (la guitare PARLE!) et l'immense  "All along the watchtower", reprise transfigurée de Bob Dylan... mais que penser de la médiocre reprise "Come on - let the good times roll" de Earl King, du très faiblard "Little miss Strange" signée Noel Redding ou de ces (longs) morceaux jammés en studio ! Bien sûr, ils laissent Hendrix s'envoler parfois dans de doux délires, proche parfois de l'Albert King de "Tupelo" dans ce "Voodoo chile", où Stevie Winwood à l'orgue Hammond (alors leader du tout jeune Traffic) et Jack Casady à la basse (poutre porteuse du Jefferson Airplane) le complètent admirablement, mais morceaux livrés à eux-mêmes sans vraiment de ligne directrice, ils nous laissent aujourd'hui encore - à jeun - nous emmerder ferme...

1968 et sa marotte des double albums (vendus plus chers) ne pouvait épargner Hendrix. Encensé par les uns comme son sommet absolu, délaissé par les autres, "Electric Ladyland" aurait pu, ramassé en deux faces, être un album aussi dense et bouleversant que ses deux prédécesseurs.

Cette réédition sous pochette américaine (on n'est pas près de revoir la pochette anglaise à regarder ci-dessous) est la plus complète possible, un son parfait, un livret conséquent, avec notamment les fac similés des notes de pochette écrites de la main d'Hendrix et son orthographe écorchée du nom de Jack Casady, toujours reproduite au fil des rééditions et enfin corrigée (l'erreur venait donc du maître), doublée d'un DVD sur le making-of de l'album.



JIMI HENDRIX EXPERIENCE All along the watchtower (Vidéo originale 1968)




ELECTRIC LADYLAND Pochette Originale Polydor UK
ELECTRIC LADYLAND Pochette Originale Polydor UK