Invisible hour

Joe Henry

par Jérôme Florio le 05/09/2014

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Sparrow
Plainspeak


Depuis plus de vingt-cinq ans, Joe Henry traque avec régularité une certaine idée de la perfection : la chaleur du son d'un Louisiana blues joué par des excellents musiciens, dans une mise en sons destinée à provoquer la performance magique en studio. Outre ses propres disques, son savoir-faire de producteur est très recherché, de Aimee Mann à Solomon Burke (son beau retour en 2001) et même… Hugh Laurie.

"Sparrow" impose un style cousu main, folk-jazz feutré et chaleureux, sur lequel Henry pose sa voix éraillée d'un Tom Waits qui aurait troqué ses guenilles d'épouvantail contre un costume trois pièces. Il prend son temps, et sait trouver le twist mélodique qui empêche la monotonie et parvient à émouvoir. "Our very blood tastes like honey now"… Au fil des titres, on se rend compte de la construction précise de "Invisible hour", avec la progression des thèmes et des arrangements. Dès "Grave angels" le texte prend sensiblement le pas sur la musique - toujours très classieuse, avec l'entrée des clarinettes. "Sign" s'affranchit du format pop, prend le temps nécessaire pour conter une histoire amère qui va de l'enfance à l'âge mur. Les flûtes et clarinettes se font de plus en plus entendre. La veine narrative s'accentuant, on peut passer quelques chansons pour apprécier pleinement "Plainspeak" et ses chœurs vibrants, suivie par "Lead me on" à l'instrumentation plus resserrée (guitares et contrebasse) et le contre-chant de Lisa Hannigan. "Slide", fausse jumelle de "Sparrow", boucle le disque.

Joe Henry est un sorcier du son, expert dans la mélodie émouvante qui alterne mode majeur et mineur, et le charme opère tant que la répétition du tour n'en atténue pas un peu les effets. Bien qu'il soit préférable d'être attentif et anglophile pour maintenir son attention, "Invisible hour" est d'une grande tenue et recèle de très beaux moments.



JOE HENRY Sign (Clip 2014)