The very best of

John Coltrane

par Sophie Chambon le 30/09/2001

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
My favorite things


Il n'y a pas de mal à se faire du bien et à ressortir pour le plus grand plaisir de tous (ceux qui découvrent et ceux qui connaissaient déjà) un 'very best of' de John Coltrane. Certains pourraient déplorer le principe même de la compil, véritable sacrilège puisqu'il faut prendre les albums dans leur chronologie et suivre l'évolution du maître. Pourtant la sélection des titres est fine, et si elle évite les deux dernières années reconnues par les spécialistes comme les plus intéressantes, peut-être parce que les plus hermétiques, elle permet de rentrer de plain-pied dans la structure musicale, les climats coltraniens, une mystique déjà classique : des ballades sereinement envoûtantes "Central Park West", "Naima", un thème au rythme échevelé "Giant steps", un blues au soprano "Mr Syms", du hard bop dans les progressions de "Cousin Mary". La diversité de la démarche coltranienne est maintenant bien connue. Plus de quarante ans après sa mort, sa musique demeure fraîche et intense, l'aventure musicale absolue. Coltrane voulait déclencher l'émotion "Body and Soul", atteindre au cour et à l’âme son public. C'est chose faite. On s'abandonne au plaisir de retrouver certains titres des fameuses sessions Atlantic ! Le jazz est une musique improvisée qui ne devrait jamais se répéter. Et pourtant, Coltrane était obsédé par la circularité. On écrit souvent le même livre. C'est ce que l'on dit. Moi je cite toujours "My favorite things". Coltrane se saisit de cette valse de Rogers & Hammerstein, l'étire à loisir sur plus de treize minutes. Enregistré en octobre 1960, cette session compte déjà McCoy Tyner et Elvin Jones, membres du futur quartet, celui qui restera mythique : seul le bassiste est différent, il s'agit de Steve Davis. Coltrane n'a jamais cessé de jouer ce thème obsessionnellement : il le reprenait sans cesse, en le découvrant à chaque fois, comme s'il ne l'avait jamais joué, conscient du décalage entre ce qu'il avait déjà réalisé, et ce qui lui restait encore à créer. Le jazz a un goût pour l'inachèvement... Si on ne l'avait pas encore compris !