Morceaux qui Tuent Bonnie fairday or Babylon Love Henry or young bunting The ballad of Barbary Ellen The maid freed from the gallows
En 1977, la sonde spatiale Voyager emportait dans l'espace une chanson du bluesman Blind Willie Johnson ("Dark was the night, cold was the ground"). Pour parfaire la culture d'éventuels auditeurs extratrerrestres, on aurait pu y joindre un titre de John Jacob Niles - avec le risque qu'ils finissent en bouillie comme dans "Mars Attacks", à l'écoute de cette voix haut perchée, toute de liberté et de violence.
"Il avait quelque chose de méphistophélique. Originaire de Caroline, il pinçait une sorte de harpe et sa voix aigüe de soprano vous donnait la chair de poule – vous glaçait jusqu'à la moelle. Terrifiant, intense, il échappait à toute logique. Un personnage électrisant, presque un sorcier, avec ce ton incantatoire, furieux, rescapé d'un autre monde." Bob Dylan, dans le premier volume de ses "Chroniques", a écrit l'essentiel. Même le sagace et roublard Nick Tosches n'a pas mentionné une seule fois JJ Niles dans son livre "Country", pourtant un précis des musiciens les plus haut en couleurs de la première moitié du vingtième siècle. L'origine de cette musique remonte très loin dans le temps, importée par les pionniers de par-delà l'Atlantique. Niles, en plus d'être un interprète suprêmement singulier, était aussi dépositaire et passeur d'un héritage qu'il savait voué à disparaître : dès les années vingt, il s'est préoccupé de l'extinction des communautés montagnardes de son Kentucky natal, accompagnant le photographe Doris Ullman et retranscrivant les chansons traditionnelles qu'il entendait sur son passage. "My precarious life in the public domain" (titre bizarre…) est une réédition de "Folk balladeer" (RCA, 1965), une compilation d'enregistrements des années quarante qui voit Niles chanter des "Child ballads" (du nom de Francis J. Child, qui a publié à la fin du dix-neuvième siècle "English and scottish popular ballads").
Transfigurées par John Jacob Niles, qui s'accompagne donc au dulcimer, ces histoires où l'amour et la mort sont inextricablement et tragiquement mêlés prennent aux tripes. Une expérience rare.
JOHN JACOB NILES Go way from my window (Live TV Usa)