Rosslyn

John Taylor

par Sophie Chambon le 01/03/2003

Note: 8.0    

Piano superbe, délicatement posé et déposé sur le temps musical, "The bowl song". Ils sont trois, à l’écoute du temps qui passe : l’anglais John Taylor qui a jusqu’ici, rarement enregistré sous son nom et qui signe avec le duo américain Marc Johnson - Joey Baron un album de clair-obscur, à l’image de la pochette aux biffures zébrées d’une lumière de passage. Les compositions sont de John Taylor à l’exception de "How deep is the ocean", et de deux thèmes, un du trompettiste Kenny Wheeler, le complice de toujours et l’autre de Ralph Towner, un autre partenaire de longue date. La reprise très personnelle du titre phare d’Irving Berlin suffirait à prouver qu’il s’agit de la tradition la mieux comprise, la plus intelligemment intégrée. Ici tout glisse subtilement, en finesse avec un toucher juste, un risque contrôlé, une énergie tranquille qui laissent ouvertes les marges de l’exploration. Ce trio ne raconte peut-être aucune histoire mais emprunte des chemins agréables à fouler "Between moons" puisqu’il arpente ce territoire reconnu et aimé (nul ne peut douter qu’on entende ici du jazz). Subtil, tendre, inventif, mélodique, on reste contemplatif à l’écoute de John Taylor auquel l’assurance et la ferme maîtrise de la section rythmique apporte juste l’éclairage nécessaire à de douces effusions comme dans "Ma Bel". L’essentiel de cette musique réside dans l’instant, et l’échange immédiat. Une sorte de discours sur la lisibilité du temps.