Barbecue king

Jorma Kaukonen

par Michel Polizzi le 23/03/2001

Note: 7.0    
Morceaux qui Tuent
A man for all seasons
Barbeque king
To hate is to stay young


Jorma a quasiment quarante ans quand sort "Barbecue King", et cet artiste extraordinaire se retrouve une nouvelle fois à la croisée de chemins musicaux. Comme beaucoup de musiciens américains, il est confronté à la vague "punko-new wave". Mais alors que quelques diarrhées internationales du rock ne savent que s'émouvoir sans comprendre (Billy Joel vient à l'esprit avec son souffreteux "It"s still rock"n"roll to me"), Jorma s'associe au batteur John Stench (Pearl Harbor & The Explosions, Romeo Void, Helios Creed, Chrome) et au bassiste Denny DeGorio (True Believers) pour faire avec son temps.

San Francisco, acid rock, Jefferson Airplane, Fillmore East et West, Haight-Ashbury, Hot Tuna, Monterey Pop, Woodstock, Altamont... il a tout fait, tout vu, tout joué, et s'atteler à un nouveau style, même à l'air méchant comme ce "punk" qui fait si peur à certains, est une continuation logique des choses. C'est donc un Kaukonen aux cheveux courts, (blond oxygéné d'abord, bleu-nuit ensuite) qui se retrouve face à des fans de toujours, qui à leur tour ne comprennent pas. L'album sera boudé et c'est dommage, car il s'agit d'un disque de bonne qualité, s'essayant sans complexe à un autre vocabulaire musical.

Plusieurs styles utilisés : le blues bien sûr ("Milkcow blues boogie"), un peu de rock-rockabilly ("Rockabilly shuffle"), de pop-rock (reprise de "Love is strange" de Ian & Sylvia, façon ragga/ska), un remake de l'album précédent ("Roads & roads &") et même une chanson cochonne sous couvert de country blues ("Barbeque King" - "she's filling up your kettle mama, with every pound of meat a man can squeeze"). On s'en doute, le jeu est d'excellente qualité et c'est un festival de sons de guitare, tous ceux qu'on aime, de l'acoustique pure et cristalline qui carillonne autour de la rythmique, à l'attaque électrique, bourrée d'effets et noyée dans l'acide. RCA, ne sachant quoi faire de ce genre de "chose", laissa tomber et Jorma reprit ses Veillette-Citron (du nom du luthier de Woodstock qui fabriquait des guitares-barytons, électriques et hyper-amplifiées, au son bien trafiqué dans le but de sonner acoustique) pour s'en aller tranquille sur son chemin.

Il est intéressant de noter que Jack Casady suivait au même moment un parcours similaire avec son groupe "punk" à lui, SVT. Les même causes (incompréhension du public) produisant les mêmes effets, SVT et Vital Parts disparurent rapidement et Jorma et Jack se retrouvèrent pour remettre Hot Tuna sur les rails en 1983.

NB : le producteur de "Barbeque king" et de "Jorma" (l'album précédent) est David Kahne. Il produira par la suite les Bangles, Susanna Hoffs, Duran Duran et Sugar Ray.