Jorma

Jorma Kaukonen

par Michel Polizzi le 23/03/2001

Note: 6.0    
Morceaux qui Tuent
Straight Ahead


En 1979, les deux groupes où Jorma Kaukonen a fait ses marques durant les 15 années précédentes n'existent plus. L'Airplane s'est transformé en Starship auquel Jorma a dit "non, merci !" fissa, et Hot Tuna s'est dissout en 1978, Jorma laissant un froid s'installer avec Jack Casady, son historique compère bassiste. "Jorma" est le deuxième album d'un Kaukonen sans groupe officiel mais le premier vraiment "solo", l'album "Quah" en 1974 était co-crédité avec Tom Hobson. Il s'y livre à une petite rétrospective de ses amours musicaux : blues (country et folk), chansons acoustico-psychédéliques, rock-boogie, plus un petit délire d'onomatopée ("Da-ga da-ga"). Tout y est, de la multitude de guitares acoustiques et électriques (en "fingerstyle", tous les styles de picking imaginables et tous les sons qui vont avec), à cette voix si particulière, toute de chaleur et d'insinuation, qui réussit à être à la fois grave et nasillarde !! Et cela sans batterie ni basse : Jorma solo en multi-pistes, on vous dit ! A l'exception de "Vampire women", tous les morceaux sont des compositions originales et, bien que sympathiquement écrits et certainement bien joués, il n'y en a aucun qui frappe d'emblée l'attention, qui saute du disque en hurlant : "Ecoute-moi, je suis le morceau qui tue !!". A l'usage, "Straight Ahead", quand même ! Une incapacité à faire du "hit", ou simplement un refus de ce compromis qui finit toujours par faire mal ? Quand on regarde son parcours vingt ans plus tard, on remarque en revanche un artiste qui a parfaitement suivi son chemin dans ce country blues élargi, électrifié quand besoin était, jamais "à la mode" et donc jamais démodé, totalement "américain" et toujours hors du temps ! On regrettera un livret assez pauvre, d'ailleurs commun avec "Barbeque king". Mais on excusera volontiers le petit label anglais Evangeline, probablement pas très fortuné, pour en revanche se gausser de la capacité de BMG à honorer ses grands hommes !