Paradise

Judy Collins

par Francois Branchon le 27/10/2010

Note: 9.0    

71 ans, une dégaine d'actrice de soap, plus de cinquante ans de carrière, revenue de tout, de la dépression comme de la bouteille, mais la voix, cette "même" voix que dans les années soixante, pure et cristalline, quand siamoise d'une Joan Baez, Judy Collins était une des fers de lance du nouveau folk américain, habituée de Newport et de Greenwich Village, celle pour qui Stephen Stills écrivit "Suite :  Judy blue eyes" sur le premier album de Crosby, Stills & Nash.

La verve d'écriture n'est plus là, et ses albums se contentent à présent d'empiler les reprises - le précédent, en 2007, s'attaquait au répertoire de Lennon et McCartney. Celles que "Paradise" propose sont souvent l'occasion de duos (avec Joan Baez, Stephen Stills, Michael Johnson), puisent dans le répertoire de ses collègues folkeux (pas Dylan, mais Tom Paxton, Stanley Jones ou Amy Speace), pop ("Gauguin" de Jimmy Webb), s'auto-citent ("Over the rainbow" qu'elle chantait déjà en 1965) avec la primeur d'une chanson originale toutefois, "Kingdom come", dédiée aux pompiers de Ground Zero.

Un album qui s'écoule comme l'eau claire filant tranquille sur les galets d'un jardin japonais, calme et serein, avec deux temps forts, l'hyper-standard "Ghost riders in the sky" à qui elle redonne une grâce que les nombreuses versions western avaient à force gommée (Tom Paxton et Jimmy Webb aux chœurs) et "Once i was" de Buckley, dont elle parvient à extraire l'essence tout en la faisant sienne. Du grand art.




JUDY COLLINS Ghost riders in the sky (2010)