Un jour d'été et quelques nuits

Juliette Greco

par Francois Branchon le 01/01/1999

Note: 7.0    

Elle semble éternellement "passer", comme au temps du Saint Germain mythique, où sa vie se résumait précisément à "passer" et lui était suffisant pour exister, tout au long d'un parcours riche en actes et en rencontres, tous vécus comme... naturels. D'une longue passion avec Miles Davis (période "Ascenseur") qu'elle faisait entrer par la grande porte des hôtels ségrégationnistes new-yorkais, à son récital à Santiago du Chili en 1974, accueillie sous les ovations et sortie sous un silence de plomb (elle y infligea deux heures de chants anti-militaristes aux colonels de la dictature alignés au premier rang), lanceuse de modes et muse inspirante d'une armada de photographes, de Man Ray à Doisneau (voir le recueil paru chez Actes Sud), la voici "tombée en amour" pour Jean-Claude Carrière, multi-auteur charmeur qui sait tout, connaît tout et parle de tout (du Dalaï Lama au vin de Corbières !). Douze chansons écrites pour elle, aux musiques composées par Gérard Jouannest (mari de la dame) et arrangées par François Rauber, le fameux duo à qui Brel confiait ses chansons. Si certains albums de Juliette Greco furent assez moyens et bien loin des charmeurs "Déshabillez moi" ou "Un petit poisson", celui-ci est une sorte de subtil combat-équilibre entre des mots (forts) et la voix qui les sert, sans s'y perdre ni les dominer, qui tour à tour les caresse ou les fait claquer. Ces textes subtils puisent dans d'authentiques légendes lointaines comme dans l'imaginaire de Carrière. Ils sont reproduits dans le livret, bien fait et très soigné. On remarquera "Comme une idée" et "C'était un train de nuit" ou la délicieuse légende de "La réponse du roi".