Mélanger les couleurs

Kaolin

par Oli le 30/01/2011

Note: 8.5    

Après le sympathique petit délire vocal "Beach party", Kaolin enchaîne tube sur tube pendant plus de la moitié de l'album. C'est assez impressionnant de se faire embarquer par leurs mélodies sans pouvoir en aucune façon résister... Il faut dire que le single, pour une fois, est aussi intelligent que diablement efficace, le sentimentaliste "Partons vite" accroche, évidemment, des textes qui parlent de nous, un rythme et une guitare qui n'en rajoutent pas, la simplicité des accords et la délicatesse des arrangements sont les atouts majeurs du quatuor qui garde cette base solide pour les titres suivants. Du morceau qui donne son nom à l'album, "J'irai mélanger les couleurs", émerge une conscience un peu plus "politique" et là encore, c'est suffisament discret et bien fait pour que l'ensemble coule jusqu'au cerveau sans écorcher les oreilles (les "choquants" "Sécurité mon cul" ou "Pour avoir la paix", cultive la misère sont énoncés avec une telle douceur que l'impact au niveau des cellules grises s'en trouve renforcé).

"Je reviens", "Chercher des poux", "Sur la coeur, "Belle évidence" alternent les tempos en conservant un goût sucré, la première inflexion à notre béatitude arrive à la huitième plage. Les sonorités changent, les rythmes se décomposent, les mots sonnent différement (jouant comme pour Arman Melies davantage sur leur poésie... et étant filtrés par un effet), avec "Greta" Kaolin change de registre et étonne par sa prise de risque(s). Derrière, "Club 35" calmera les inquiets, retour aux riffs clairs, aux traditionnels couplets/refrains et aux mélodies classiques. De nouveau en confiance, l'amateur de hits se laissera charmer par "Lilla huset", la petite maison suédoise est très écossaise dans son architecture, le groupe ne cachant pas son admiration pour Mogwai... Aprés cette délicieuse escale reposante, Kaolin termine en beauté avec un titre charnel et très rock, "Fais semblant" puis un final étourdissant intitulé "J'insiste" : les chuchotements s'harmonisent peu à peu, les instruments se font calmement leur place et se branchent sur le 220 pour électriser une atmosphère où une sublime basse prend peu à peu le pouvoir. Il n'en fallait pas plus pour succomber...