It's so hard to tell who's going to love you the best

Karen Dalton

par Francois Branchon le 04/11/1999

Note: 10.0      

Si Billie Holiday était blonde aux yeux bleus, si elle avait un banjo ou une Gibson douze cordes dans les mains, que son étourdissant pianiste amoureux soit remplacé par la guitare discrète de Dan Hankin et par la contrebasse de Harvey Brooks, et si, et si... elle s'appellerait Karen Dalton, chanteuse immense et méconnue, auteur, avant de disparaître jeune, de deux albums mythiques, dont le premier est l'objet de cette réédition.

Même si elle ne compose pas, Karen Dalton fait partie de la "famille" de Greenwich Village des années soixante avec ses amis Fred Neil, Tom Rush ou Joni Mitchell, et joue énormément en public. Sur la fin de sa vie, elle se décide à enregistrer, mais elle est alors, comme Billie Holiday, agrippée au versant à l'ombre de la vie, plombé de nostalgie. Les tempos sont lents, les chansons, reprises de bluesmen ou soul men noirs (Leadbelly, Jelly Roll Morton, Major Wiley, Eddie Floyd...) ou de ses potes (Fred Neil, Tim Hardin), déguisent le blues en folk et le folk en blues et leur force s'exprime toute entière à travers cette voix incroyable, indescriptible, au timbre légèrement voilé, métallique et nasale, qui survole une contrebasse arpentant discrètement l'espace au ras du sol.

Fred Neil disait d'elle "She can sing the shit out of the blues" ! Les amoureux de Billie Holiday, comme ceux de Beth Orton, vont apprécier de l'entendre la transformer en or. Il est impossible de sortir un morceau en particulier, chacun des dix constituant une partie du tout.


KAREN DALTON In the evening (1969 Audio seul)



KAREN DALTON Little bit of rain (1969 Audio seul)