| | | par Filipe Francisco Carreira le 11/05/2003
| Morceaux qui Tuent
Asas
As rosas / promessa
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| Sur la pochette de son premier album, le visage de Katia Guerreiro baigne dans l'obscurité, rappelant que le fado ne s'accommode pas d'éclairages tape-à-l'œil. Son regard est noir et ténébreux mais possède une lueur, la lueur de l'espoir ou simplement celle de la dignité dans la douleur. Depuis quelques années, le fado bénéficie d'un regain d'intérêt et la jeune génération a investi la tradition : si Madredeus a triomphé dans le monde entier avec une musique typiquement portugaise, Misia ou Cristina Branco ont ouvert la voie en revendiquant leur appartenance à un genre pourtant tombé en désuétude dans les années 80. Aujourd'hui, il existe deux façons de faire du fado : entre l'expérimentation et la fidélité à la tradition, Katia Guerreiro a choisi : le noir de la pochette, le classicisme des arrangements et la sobriété d'une formation réduite à un trio de guitares - classique, basse et portugaise ou la Sainte Trinité du fado - ne laissent aucune place au doute. De plus, son timbre de voix rauque et grave n'est pas sans rappeler Amalia Rodrigues avec qui elle partage ce troublant mélange de sophistication et d'émotion brute et dont elle reprend ici quelques titres : si "Amor de mel, amor de fel" et "Asa de vento" furent écrits par la diva, ils ne faisaient cependant pas partie de ses titres les plus populaires, aussi leur présence témoigne-t-elle d'un choix dicté par des convictions et non par des conventions. Katia Guerreiro a vingt-cinq ans mais chante comme si elle en avait le double, comme si le deuil et la solitude étaient passés par là, les yeux tournés et les mains tendues vers l'inconnu : la fuite ou l'unique chance d'échapper à un passé accablant - le lancinant "Asas" - mais aussi la nuit, ses mystères et ses promesses, ses passions déchaînées - le tourmenté "As rosas / Promessa". Entourée de musiciens remarquables, Katia Guerreiro livre avec "Fado maior" une œuvre dépouillée et authentique, intense et hors du temps où sa fidélité à la tradition se justifie par sa capacité à la transcender.
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