The unfairground

Kevin Ayers

par Emmanuel Durocher le 28/10/2008

Note: 9.1    
Morceaux qui Tuent
Baby come home
Cold shoulder
Unfairground
Wide awake
Run run run


"Il possède toujours la même distanciation entre la voix gouailleuse (quel autre mot ?), son éternel air de beau gosse pour actrices sur le retour des thés dansants de Miami Beach et la propension qui est sienne de passer de la plus inexistante des nursery rhymes à ces chefs-d'œuvre dans la lignée du troisième Lp du Velvet" écrivait le mensuel Best à propos de Kevin Ayers lors du célèbre concert du 1er juin 1974 en compagnie de Nico, Brian Eno et John Cale. On n’en changerait pas une virgule aujourd’hui.

Seizième album de la carrière solo d'Ayers, "The unfairground" est le premier depuis quinze années de silence. Les dix morceaux trouvent le point d'équilibre entre futilité et exigence : évoquant l'amour, le temps qui passe ou les excès de ses vies antérieures, l'Anglais joue avec sa voix en donnant l'impression de forcer mais sans exagérer, jonglant entre le crooner perdu dans les cuivres mariachis et le vieux routard folk échappé de l'école de Canterbury, imprégné de relents très vieille Angleterre. Des chansons d'une étonnante modernité qui affichent souvent une insolente jeunesse, ce n'est pas un hasard si parmi les nombreux musiciens invités, on retrouve des membres du Teenage Fanclub, de Gorky's Zygotic ou Ladybug Transistor, redevables à jamais aux compositions sans âge de l'ancien Soft Machine – une liste qui deviendrait interminable si l'on devait évoquer tous les artistes qui ont subi son influence, des Tindersticks à Sufjan Stevens.

De son premier groupe, le musicien ne conserve que la machine molle et détendue (et surtout pas le chant insupportable de son ancien acolyte Robert Wyatt), une mollesse qui adoucit l'auditeur pour mieux l'emprisonner dans les mailles d'une pop incandescente construite sur du sang, de la sueur et des larmes.


KEVIN AYERS Baby come home (Clip 2007)