Minimum - maximum

Kraftwerk

par Francois Branchon le 08/07/2005

Note: 5.0    

En panne d'inspiration depuis bientôt vingt ans - le dernier vrai album "Electric cafe" date de 1986 - plus éprise de vélo que de musique, la paire Ralf Hütter & Florian Schneider-Esleben, complétée des deux nouveaux faire-valoir Fritz Hilpert et Henning Schmitz se contente pour son retour d'offrir un double live de sa tournée 2004.

Question image, le groupe remet le couvert de la "froideur maîtrisée" et de "l'effet calculé" via une double pochette carton glacé au graphisme noir et blanc impeccable, mais au goût de déjà vu. Aucun morceau nouveau ne fleurit sur la track-list, à part "Planet of visions" (sorte de "Expo 2000" reconfiguré), Kraftwerk semble être condamné aujourd'hui à réciter son best of, constat qui apporte une eau limpide au moulin du livre de Wolfgang Flür.

Pour qui a connu les concerts des années quatre-vingt, notamment ceux de 1981 aux finals enfiévrés, "Minimum - maximum" paraîtra monocorde, formaté dans un son ultra-léché mais débité comme au kilomètre. Kraftwerk semble noyé dans sa technologie hyper sophistiquée, ne sachant plus comme autrefois apporter l'élément humain qui transcendait les machines.
Certes on entend ici des foules enthousiastes, mais (presque) toutes sont de l'ex-Est, et il n'est pas faire injure aux publics de Moscou, Tallinn, Varsovie, Riga, Berlin, Budapest ou Ljubljana (une liste à "l'esthétique Kraftwerkienne") de plus exulter pour leur réunification que pour des raisons artistiques.

Sa créativité tarie, englouti par sa technologie, en absence sidérale de chaleur, Kraftwerk est devenu un musée, Ralf & Florian ses conservateurs.

nb : le bootleg "Central passage" (double album à pochette/poster vert fluo "Ja twoj sluga, ja twoj rabotnik"), enregistré au Théâtre Apollo de Florence en mai 1981 est une trace pleine de tripes des concerts de Kraftwerk.