| | | par Pierre Saläun le 16/09/2001
| Morceaux qui Tuent
Basta il y a
Juramento
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| La Familia Valera Miranda est composée de Monsieur, Madame et leurs trois fils trentenaires auxquels s'ajoute un autre musicien, tous d'excellent niveau et gravitant dans la musique depuis toujours. Le répertoire est essentiellement du 'son' et du 'boléro', genres dans lesquels se reconnaissent aujourd'hui la plus part des cubains. Ils retrouvent, dans ces modes d'expression, le plaisir de parler, de danser, de vivre ensemble. L'instrumentation est classique avec une guitare, une 'tres' (petite guitare à trois cordes doublées) et une contrebasse. Les percussions, simples et légères, tissent une toile invisible qui soutient l'ensemble. On y trouve des maracas, des bongos et des 'claves' (chevilles de bois très dur servant à la construction des bateaux) qui jouent une formule asymétrique sur deux mesures. Ce mélange donne une signature sonore que tout le monde identifie rapidement et qui marque la musique cubaine. A noter qu'il n'y a aucun cuivre. La prise de son, signée Radio France, est très naturelle, sans artifices (pas de réverb sur les voix) donnant le sentiment d'avoir un 'produit bio', ne cherchant pas à séduire à tout prix. C'est fabriqué sans tricher avec authenticité et sincérité. Cela donne des voix charpentées, granuleuses et profondément humaines. Ainsi les 'chours' sont parfois un peu décalés dans le temps sans que cela gêne l'auditeur, au contraire. Le rythme des chansons ("Juramento", "Que lindo bayamo", "Dulce embleso", "El penquito de coleto") n'est pas très rapide. On se surprend cependant assez vite à onduler doucement des hanches, du buste, de la tête mais sans que le pouls s'accélère. Le temps est un peu suspendu, on ne pense plus a rien, on est juste tranquille, serein, paisible à écouter ces tranches de vies rurales qui transportent au coeur de l'amour, des femmes, de la terre et de la famille (le livret est très explicite à ce sujet). Et ça peut durer comme ça des heures, des jours, des semaines, bien calé entre la rondeur de la contrebasse, les impacts moelleux des percussions et l'irruption polie des chours. Un pur bonheur. Les mélodies simples, accessibles, presque familières sont facilement mémorisables et font de ce Cd un compagnon de route fidèle et fiable. Certains préféreront l'album "A cutino" paru chez Audivis en 2000. Il est, à mon avis, un cran en dessous, surtout en ce qui concerne le choix des chansons et la simplicité de la prise de son. Bref, c'est un album peu spectaculaire mais dont le charme agit pourtant immédiatement. Il demeurera, à l'évidence, un bout de temps à portée de main.
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