| | | par Hugo Catherine le 09/03/2010
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| Francisco
Lopez et Lawrence English s'inspirent directement de la nature,
piaillent joyeusement et grondent sourdement. "HB" est une
expérimentation naturaliste à partir de sons d'oiseaux et
d'averses. En dépit d'éléments sonores reconnaissables, les deux
électroniciens créent un son aride. Si nous nous prenons à
apprécier les gazouillis des oiseaux, à goûter le bourdonnement
aléatoire des insectes, à suivre le rythme de la pluie tombante,
notre pèlerinage, prétexte à la quête d'un son unique, est
quelque peu exigeant.
L'expérimentation
proposée se caractérise par un certain formalisme. La répétition
n'est pas tant dans le contenu – les chants d'oiseaux de
dessinent-ils pas des figures rythmiques et mélodiques jamais
parfaitement identiques ? – mais bien plus dans le
format. La construction de l'album est plus méthodique que la
première écoute peut le laisser entendre. Les motifs sonores
durent, disparaissent puis réapparaissent. "HB" restitue
un double travail assez conceptuel, à la limite de
l'incommunicabilité.
Francisco
Lopez et Lawrence English distillent leurs idées avec parcimonie.
Ils privilégient l'effet de surprise à la surprise permanente.
Ainsi, sur "Pattern Review by Motion", la pluie survient
comme un coup de massue puis s'éteint d'un coup d'un seul. Puis un
nouvel élémént fait brutalement surface : un cri d'oiseau
dans la nuit. Nous passons brusquement de la jungle pluvieuse au
sous-bois terrifiant. Sur la longueur de l'album, seuls deux ou trois
événements perturbent ainsi la continuité du son de la nature.
Ceux-ci font une peur bleue, celle des enfants dans la nuit noire.
Une certaine tension s'installe entre ordre naturel, permanent
et désordre passager mais violent. La frontière est poreuse entre
bruit et silence, calme plat et agitation venteuse.
Le
label Baskaru, toujours délicieux, s'aventure ici sur des terres
bien expérimentales. "HB" est perturbant : il peut
créer une sensation proche de l'ennui et requiert pourtant une
attention de tous les instants. Le bruitisme naturaliste de Francisco
Lopez et Lawrence English a le beau mérite de ne ressembler à
aucun autre son croisé ces derniers temps. Il fait entrer dans nos
intérieurs la musique de l'extérieur. Anodine et mystérieuse,
cette musique, en somme déjà bien connue de tous, déroute avant
tout. En embarquant un microphone sur un bourdon, nos deux créateurs
sonores font résonner la nature sans artifice et sans clef de
lecture. |
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