Passé composé futur conditionnel (Made to Measure Vol 43)

Le Ton Mité

par Jérôme Florio le 03/10/2021

Note: 8.5    
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Au rayon pop music, on ne se souvient pas d’avoir entendu un disque aussi débordant de chansons depuis "69 love songs" de Magnetic Fields (Stephen Merritt), en 1999 : en une heure et 50 titres, McCloud Zikmuse développe avec générosité une mosaïque de miniatures musicales qui ravissent autant l’amateur de musiques libres que celui d’une pop savamment orchestrée.

Le "Décalage horaire" en ouverture est peut-être celui que ressent l’expatrié de retour sur sa terre natale ; né à Olympia (capitale de l’Etat de Washington, USA), il habite depuis plusieurs années à Bruxelles où il poursuit une carrière de touche-à-tout (musicien, dessinateur…). Il y a aussi trouvé son port d'attache chez Crammed Discs, de Marc Hollander : "Passé recomposé futur conditionnel", paru en 2017, porte le numéro 43 de la collection "Made to measure" initiée par le label au début des années 80.

Avec une grosse dose d’amour et une âme d’enfant, McCloud vagabonde entre les styles. Pop, rock, musiques du monde (de l’Irlande au continent Africain), et même soul avec le convaincant "Class war" qui rappelle les coq-à-l’âne de Beck à ses débuts, tout dans le jeu mais sans second degré. Une poignée de titres seulement dépasse les deux minutes, et ce sont souvent d’excellentes vraies chansons ("Mystery trail", "Ghost buildings of a past life"…). Il y a une bonne part d’instrumentaux, avec notamment ce "There was a dome of awesome but now it’s gone" dont on ne sait pas pourquoi il est aussi poignant. Zikmuse parvient à capter un état de création spontanée, le tout semblant improvisé mais très bien produit et arrangé, ce qui empêche l’ennui mais évite aussi l’écueil du zapping.

Les titres et les textes alternent français et anglais, puisant leur inspiration dans des petits faits du quotidien, recomposés comme le portrait de la pochette qui rappelle les tableaux de Giuseppe Arcimboldo (1527-1593). La glu qui fait tenir l’ensemble pourrait bien être le free jazz : avec saxophone et claviers acides sur "Did Pharoah Sanders ever come back ?", McCloud Zikmuse s’enfonce dans l’espace à la recherche de Sun Ra, enlevé par des extraterrestres en 1993… ne comptez pas sur nous pour aller le chercher.




LE TON MITE Mystery trail (Clip 2017)



LE TON MITE There was a dome of awesome but now it’s gone (Clip 2017)


LE TON MITE Class war (Audio seul 2017)