Morceaux qui Tuent Need all the help i can get (Suzi Jane Hokom) The rebel kind (Dino, Desi and Billy)
Du très célébré Lee Hazlewood à la
très longue carrière - il chanta à partir de 1963 jusqu'à son
quasi dernier souffle en 2007 - on connait surtout les albums
personnels (une trentaine) et le mentor pygmalion de Nancy Sinatra,
dont le succès planétaire en 1967 révèlera l'homme de l'ombre au
grand public, faisant de lui au passage un homme définitivement
riche. Mais avant Nancy, il y eut Suzy Jane, Miriam, Rose, Dino,
Daisy, Billy et les autres...
"Califia" (du nom du
morceau en duo avec Suzi Jane Hokom) plonge dans cette première vie
de Lee, quand Dj dans un patelin d'Arizona dans les années
cinquante, il se met en tête de découvrir des artistes, de leur
composer des chansons puis de les produire avec son inséparable ami
guitariste Al Casey, ce jusqu'à la fin des années soixante. Cette
première vie d'une dizaine d'années (56-67) va être riche, Lee
Hazlewood a du nez, du savoir-faire, le talent de torcher des
mélodies à faire fondre n'importe quel iceberg. Les petits (et
quelques grands) succès qu'il va glaner ne passeront pas inaperçus,
si bien que c'est la MGM qui l'accueillera pour ses premiers pas en
solo.
"Califia" ne révèle aucun nom que n'aient
déjà proposé les deux anthologies consacrées aux productions de
Lee Hazlewood, "These boots are made for walkin'"
(enregistrements 65-67 pour la MGM, elle aussi publiée par Ace) et
"Strung out on something new" (ceux pour Reprise 65-68,
chez Warner).
Ainsi, y trouve-t-on des noms familiers : un
duo avec Nancy Sinatra (le plus que parfait "Lady bird" de
l'album "Nancy & Lee" 1967), un titre des Shacklefords
(chroniqués dans Sefronia), une curiosité de 1958 de BB King, un
Dusty Springfield bon cru ("Sweet ride" pour la Fox en
1968) et un duo avec Ann Margret ("You turned my head around"
de l'album "The cowboy and the lady" en 68).
On
aura un peu d'attention pour les plus exotiques : le trio ado Dino,
Desi & Billy (Dino, fils de Dean Martin, dont Hazlewood produira
également la fille, Deana ) avec "The rebel kind", une pop
garage parfaite "à la Lee" qui marchera fort bien, grâce
à des passages Tv dans le... Dean Martin Show. Ou les associations
entre Duane Eddy (ami guitariste de toujours), sa femme Miriam
("Guitar on my mind") et les Rebelettes, réincarnation
hazlewoodienne des Darlene Love nitzschéennes ("My baby plays
the same old song on his guitar all night long"). Ou encore Les
Wildcats (autre avatar de Darlene Love) qui figent l'année 63 dans
son énergie sautillante ("What are we gonna do in 64?",
influence évidente des Gam's françaises cette même année).
En
quête de la rareté mythique, on bondit à lecture du nom de Sanford
Clark dans la liste des titres. Parfait inconnu ici, et presque
partout d'ailleurs, Clark fut un des premiers poulains d'Hazlewood,
qui lui fit enregistrer un album à la fin des années cinquante,
"Modern romance" sur le microscopique label de Phoenix
Do-Ja, épaulé par Al Casey. De cet album,
fusa "The fool", petit tube en 58, présent ici (et premier
véritable hit du Lee Hazlewood producteur), mais à notre avis pas
le meilleur morceau de l'album, tant planaient très haut "My
jealousy" et surtout "Son of a gun", sommet
qu'enregistrera Hazlewood à son tour (album "Trouble is a
lonesome town" 1963). Il faudra à l'évidence encore
patienter...
"Califia" est une somme d'archives.
Doublonnant avec l'anthologie Reprise, elle complète en revanche
parfaitement la compilation MGM conçue par les mêmes Anglais de Ace
Records.
DINO, DESI & BILLY The Rebel Kind (Audio seul 1965)