Califia - The songs of Lee Hazlewood

Lee Hazlewood

par Francois Branchon le 08/12/2010

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Need all the help i can get (Suzi Jane Hokom)
The rebel kind (Dino, Desi and Billy)


Du très célébré Lee Hazlewood à la très longue carrière - il chanta à partir de 1963 jusqu'à son quasi dernier souffle en 2007 - on connait surtout les albums personnels (une trentaine) et le mentor pygmalion de Nancy Sinatra, dont le succès planétaire en 1967 révèlera l'homme de l'ombre au grand public, faisant de lui au passage un homme définitivement riche. Mais avant Nancy, il y eut Suzy Jane, Miriam, Rose, Dino, Daisy, Billy et les autres...

"Califia" (du nom du morceau en duo avec Suzi Jane Hokom) plonge dans cette première vie de Lee, quand Dj dans un patelin d'Arizona dans les années cinquante, il se met en tête de découvrir des artistes, de leur composer des chansons puis de les produire avec son inséparable ami guitariste Al Casey, ce jusqu'à la fin des années soixante. Cette première vie d'une dizaine d'années (56-67) va être riche, Lee Hazlewood a du nez, du savoir-faire, le talent de torcher des mélodies à faire fondre n'importe quel iceberg. Les petits (et quelques grands) succès qu'il va glaner ne passeront pas inaperçus, si bien que c'est la MGM qui l'accueillera pour ses premiers pas en solo.

"Califia" ne révèle aucun nom que n'aient déjà proposé les deux anthologies consacrées aux productions de Lee Hazlewood, "These boots are made for walkin'" (enregistrements 65-67 pour la MGM, elle aussi publiée par Ace) et "Strung out on something new" (ceux pour Reprise 65-68, chez Warner).

Ainsi, y trouve-t-on des noms familiers : un duo avec Nancy Sinatra (le plus que parfait "Lady bird" de l'album "Nancy & Lee" 1967), un titre des Shacklefords (chroniqués dans Sefronia), une curiosité de 1958 de BB King, un Dusty Springfield bon cru ("Sweet ride" pour la Fox en 1968) et un duo avec Ann Margret ("You turned my head around" de l'album "The cowboy and the lady" en 68).

On aura un peu d'attention pour les plus exotiques : le trio ado Dino, Desi & Billy (Dino, fils de Dean Martin, dont Hazlewood produira également la fille, Deana ) avec "The rebel kind", une pop garage parfaite "à la Lee" qui marchera fort bien, grâce à des passages Tv dans le... Dean Martin Show. Ou les associations entre Duane Eddy (ami guitariste de toujours), sa femme Miriam ("Guitar on my mind") et les Rebelettes, réincarnation hazlewoodienne des Darlene Love nitzschéennes ("My baby plays the same old song on his guitar all night long"). Ou encore Les Wildcats (autre avatar de Darlene Love) qui figent l'année 63 dans son énergie sautillante ("What are we gonna do in 64?", influence évidente des Gam's françaises cette même année).

En quête de la rareté mythique, on bondit à lecture du nom de Sanford Clark dans la liste des titres. Parfait inconnu ici, et presque partout d'ailleurs, Clark fut un des premiers poulains d'Hazlewood, qui lui fit enregistrer un album à la fin des années cinquante, "Modern romance" sur le microscopique label de Phoenix Do-Ja, épaulé par Al Casey. De cet album, fusa "The fool", petit tube en 58, présent ici (et premier véritable hit du Lee Hazlewood producteur), mais à notre avis pas le meilleur morceau de l'album, tant planaient très haut "My jealousy" et surtout "Son of a gun", sommet qu'enregistrera Hazlewood à son tour (album "Trouble is a lonesome town" 1963). Il faudra à l'évidence encore patienter...

"Califia" est une somme d'archives. Doublonnant avec l'anthologie Reprise, elle complète en revanche parfaitement la compilation MGM conçue par les mêmes Anglais de Ace Records.



DINO, DESI & BILLY The Rebel Kind (Audio seul 1965)




© FB - SANFORD CLARK Modern Romance (LP Do-Ja 181143)
SANFORD CLARK Modern Romance (LP Do-Ja 181143)