| | | par Francois Branchon le 01/06/1997
| Morceaux qui Tuent Your thunder & your lightning Dirtsnap stories Strangers, lovers, friends
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| En 1965, lorsque des journalistes faisaient remarquer à Serge Gainsbourg qu'écrire pour l'Eurovision et France Gall s'apparentait à un reniement de son style 'rive gauche', lui répliquait que s'il tournait sa veste c'est qu'elle était doublée de vison. La suite lui donna raison, prouvant que le talent conduisait 'aussi' à la gloire. Lee Hazlewood est une sorte de Gainsbourg américain. Même génie de l'écriture, et même trajectoire. Songwriter inconnu à la fin 50's/début 60's, il n'est apprécié que d'une poignée de fidèles de son Arizona natal, les accros à l'album de Sandford Clark entre autres, jeune cow boy au physique hybride de Cary Grant et Elvis Presley, vingt chansons écrites par Lee et accompagnées par son fidèle ami guitariste Al Casey (dont "Son of a gun" et "The fool" gros succès local, puis national). Dans toutes ses interviews, Hazlewood a confirmé n'avoir toujours eu qu'un seul but, "faire du fric" et choisi la chanson pour y parvenir. Aussi quand en 1967 un producteur met la fille Sinatra sur sa route, Lee s'agrippe à la providence. "These boots are made for walking" sera en 1968 son "Poupée de cire" à lui, toutes proportions gardées bien sûr, car c'est tout autour de la planète que les bottes vont marcher. Lee Hazlewood est un cas, cow boy qui ne joue pas la musique des cow boys mais une pop très arrangée, qui ne renie pas les violonades, une musique qui laisse des traces indélébiles tant l'homme à moustache d'acteur porno 60's a le don des mélodies qui font mouche, sur laquelle il pose une voix venue de très loin et de très profond, une voix grincée depuis l'arrière salle d'un vieux bar d'habitués du Sud. Aujourd'hui, après plus de vingt albums au compteur, Lee Hazlewood fait l'objet d'un revival surprenant. Depuis deux ans Smells Like Records le label du batteur de Sonic Youth Steve Shelley réédite sa discographie (disponible sur le site de Lee) et, dans l'attente d'un vrai nouvel album et d'une tournée connexe (à 72 ans !), City Slang s'y met aussi, publiant ce recueil d'inédits "For every solution there's a problem" ainsi que le tribute "Total Lee !". Inédits certes, mais pas de seconde zone, onze morceaux enregistrés entre 1975 et 2000, accompagnés et arrangés par l'ami fidèle des débuts, le guitariste Al Casey. Ce sont des merveilles, souvent dans la lignée de ses créations acoustiques les plus introspectives, "Dirtsnap stories" en ouverture, "A taste of you", "Buying back", "Loving you, loving me" ou ce "Strangers, lovers, friends" aussi mystérieux que "Some velvet morning", le chef d'uvre de 1968 auquel il fait penser... Mais chansons aussi électriques et emballées, "Your thunder & your lightning" et ses zébrures de guitare, jazzy ("For my birthday") ou reprenant un zest de duo ("Save a place for me" avec Melissa Etheridge, "Dolly Parton's guitar"). Lee Hazlewood est un sorcier. Pour ainsi transformer les notes, ce type a dû dans une autre vie visiter le Temple du Soleil, rencontrer l'homme de Roswell ou fréquenter les Alchimistes. |
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