Ten new songs

Leonard Cohen

par Francois Branchon le 21/10/2001

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
By the rivers dark
A thousand kisses deep
Here it is


On a tout dit et tout écrit sur Leonard Cohen, son style épuré, ses atmosphères moelleuses et suaves, sa voix grave et infiniment nostalgique, sa sobriété et sa lenteur, son chant au débit d'une rivière calme, son amour des mots et des femmes... Après quelques années d'absence discographique, ponctuées par un séjour initiatique au bouddhisme japonais, Leonard Cohen revient avec un album en tous points conforme à cette image, aux textes juste enrichis de références à la Bible et à la Kabbale. Co-composé, arrangé et intégralement interprété en home studio par Sharon Robinson (qui partage aussi la photo de pochette), une ancienne connaissance (elle était la co-auteur du magnifique "Everybody knows" de l'album "I'm your man"), "Ten new songs" (un titre on ne peut plus 'neutre') est un retour réussi, qui instantanément ne déçoit pas. Malgré des textes de désespoir, ce disque génère un plaisir intense, d'une extrême finesse, et incite à consommer jusqu'à l'intoxication, un véritable MT en soi, avec quand même un ou deux sommets un peu plus hauts que le reste ("By the rivers dark", "A thousand kisses deep", "Here it is"). Mais au fil de ces écoutes répétées, apparait la limite du Cohen actuel (et de ses derniers albums), sa paresse peut-être, une énorme frustration de plus en plus pressante, ce côté artificiel du home studio, le toc de cette batterie synthétique, l'unique présence de claviers. Et on rêve d'un son boisé, d'une chaleur d'instruments acoustiques en contrepont de la voix (toujours aussi touchante), une guitare sèche et une contrebasse par exemple, cet environnement (tout aussi minimal mais 'vrai') qui rendait les premiers albums de Leonard Cohen magiques, qui transcendait deux minimalismes en un rêve crépusculaire unique.