Bestov

Les Rita Mitsouko

par Francois Branchon le 21/10/2001

Note: 9.0    

Les Rita Mitsouko ont attendu près de vingt ans pour s'autoriser la sortie d'un 'best of', exercice casse-gueule s'il en est, souvent cache-sexe d'une inspiration en berne ou (plus fréquemment) ultime exploitation d'un catalogue lors d'un changement de label. Sans préjuger des raisons de cette sortie, "Bestov" permet en tout cas un constat : les maisons de disques ne seront jamais plus comme le fut Virgin France au début des années quatre-vingt, quand la petite poignée de passionnés de la rue de Belleville eut le culot de signer en 1979 le duo improbable d'un garçon dégingandé s'agitant avec une guitare sur des bandes Revox et d'une fille hystérique emballée telle une momie dans des sacs Félix Potin. Signer fut une chose, leur produire des singles et des albums et essayer de les vendre en fut une autre. Mais après tout, Virgin ne faisait là que son métier de label honnête et créatif, convaincu d'un talent et décidé à l'imposer sans rechercher de compromis ni flatter les goûts supposés d'un public. Ah, douce époque où l'on croisait de vrais artistiques dans les couloirs de maisons de disques, et pas encore des diplômés d'écoles de commerce dont on se demande parfois si le seul rapport à la musique n'est pas d'avoir dansé la chenille aux soirées de leur IUT... "Bestov" fait donc le point en dix-sept morceaux sur dix-sept ans de carrière, depuis "Don't forget the nite" en 1984, issu du premier album produit par les mains expertes de l'allemand Connie Plank (le mentor de Kraftwerk) jusqu'aux trois titres millésimés 2000 de "Cool frenesie" ("Alors c'est quoi", "Femme du moyen-âge", "La sorcière et l'inquisiteur"). "Bestov" revisite les incontournables "Andy" (un funk à la française accouché par Tony Visconti, alors producteur de David Bowie), "Marcia Baila", le premier vrai succès en 1984, accompagné d'un des premiers grands clips français, "Singing in the shower" la rencontre 'pop-dance' avec les Sparks en 1988, "Les histoires d'A", "Y'a d'la haine", "C'est comme ça" (si vous avez le vinyle 33t, écoutez-le aussi en 45 tours, c'est fabuleux) et "Mandolino city" (tous deux clippés par Jean-Baptiste Modino), "Les amants, "Le petit train", "Nuit d'ivresse" (titre de commande pour la BO du film de Virginie Thévenet), "Hip kit" le morceau d'intro des concerts, celui qui sert à chauffer la voix et permet les derniers bidouillages et enfin, un bonus (un seul, c'est maigre...), "Clown de mes malheurs", sorti en face B de "C'est comme ça". Sans tomber dans la religion de l'inédit à tout prix (souvent fourre-tout), on aurait tout de même bien aimé quelques versions rares, comme par exemple, "La jalousie", l'improvisation de dix minutes que Catherine Ringer fit en 1987 sur la scène de La Cigale lors des cinq ans des Enfants du Rock.