Le rêve américain en personne !
Janvier 1963 : la new-yorkaise Lesley Gore, 17 ans, chante du matin
au soir depuis l'âge où elle est capable de mettre un disque
(généralement des Shirelles) sur l'électrophone familial. Février : elle remplace par hasard un
dimanche la chanteuse souffrante de
l'orchestre de Sal Bonafetti, un groupe de mariages de la communauté
italo-américaine de NY. Première étonnée, elle est engagés
sur le champ. Début mars : Irving Green (patron des disques
Mercury) assiste à un mariage animé par... Bonafetti ! Fin mars : Lesley Gore sort chez Mercury son premier single,
"It's my party", produit et arrangé par Quincy Jones. Rêve
américain.
Il sera un hit énorme, dans le monde entier (en
France aussi, mais par Richard "C'est ma fête" Anthony).
D'autres singles suivront, tous des tubes, tous peaufinés par Jones
: "Judy's turn to cry" ("C'est bien fait pour toi"
les Gam's), "She's a fool" ("Entre nous il est fou"
Petula Clark), "Maybe i know" ("Je sais qu'un jour" par elle-même en 64, pour à l'évidence concurrencer Petula Clark ici), "That's the way boys
are", "You don't own me"... jusqu'en 1967, où, seule
après le départ de Quincy Jones (vers les musiques de film), Lesley
est boudée du public, mais en cette fin des années soixante, les
teenagers, gavés de "british invasion" et de "West
coast" sont passés à autre chose. Et Mercury, peu encline à
la philanthropieee, la garde certes jusqu'à la fin de son contrat
(1969) mais sans publier les singles et l'album ("Magic colors")
déjà enregistrés. Cauchemar américain.
Le label anglais
Ace, fidèle à sa réputation d'excellence, publie aujourd'hui ce
"Magic colors" augmenté d'une quinzaine de bonus (tous les
singles enregistrés par Lesley Gore entre 67 et 69, année de son
nouveau contrat avec Bob Crewe, sur son label éponyme). Écrites et
arrangées par quelques grands noms (Jack Nitzsche, Gamble &
Huff, Neil Sedaka...), ces chansons qui ne sont à l'évidence plus
des premiers choix, peinent à s'imposer, capitalisant juste sur les
qualités d'arrangement et la technique vocale sans défaut de Gore
(cf la vidéo ci-dessous de 1963 où elle chante en direct sur un
simple micro d'ambiance !). Seul le titre "Magic colors"
lui-même (et ses faux-airs Mamas & Papas) pourra laisser un
petit souvenir.
LESLEY GORE Magic colors (1967 Audio seul)
LESLEY GORE It's my party + She's a fool (Live TV Usa 1963)
LESLEY GORE Je sais qu'un jour (version française de "Maybe i know" 1964 (Audio seul)