La colonisation, ça a parfois du bon : le néo-zélandais Liam Finn (24 ans, et fils de Neil Finn du groupe Crowded House), visiblement marqué par la tradition pop anglaise, publie dans ce genre un disque qui ne sonne ni passéiste ni "vintage". Au contraire, la personnalité et le talent mélodique de Liam rafraîchissent à chaque écoute.
"I'll be lightning" est son premier disque solo, après séparation de son groupe Betchadupa : il conjugue économie de moyens avec un sens de la mélodie pop et des arrangements très affirmé. Pas de remplissage ici, aucun titre n'est faible. "Better to be" accroche d'emblée, avec sa basse prédominante et un pont planant ; même formule sur "Second chance", d'abord construit sur une boîte à rythmes minimaliste avant qu'une batterie ne vienne accélérer et muscler le tempo. Finn sait parfaitement négocier des virages qui dynamisent ses compositions, et place stratégiquement quelques accélérations au parfum rock indé ("Lead balloon") ou sautillantes ("Energy spent"). Les sonorités électroniques sont utilisées avec précision et savent rester au service de la trame des chansons, tout en les amenant vers des territoires au légèrement psychédéliques ("I'll be lightning").
Liam Finn n'est pas le premier à chercher la pop song parfaite, et il la trouve plus qu'à son tour. Pour ce "I'll be lightning" à la construction pop exemplaire, il s'est sans doute aidé des travaux des bâtisseurs pop anglais - ceux de la lettre "B", des Beatles aux Boo Radleys, mais pas seulement : on pense aussi au discret John Cunningham ("Music moves my feet"), et même à l'américain Elliott Smith ("Wide awake on the voyage home"). Au final, ce sont les mélodies qui restent en mémoire, notamment quand elles sont portées par d'impeccables harmonies vocales ("Fire in your belly", "Lullaby" a cappella, le vibrant "Gather to the chapel" qui relate un enterrement). L'absence de pression dans laquelle ce disque a été enregistré - dans le studio paternel - se ressent à l'écoute : "I'll be lightning" est un vrai bon disque pop, qui tranche avec l'hystérie surjouée qui entoure les groupes hype du moment.
