Caryotype

Lightwave

par Hugo Catherine le 11/01/2006

Note: 9.0    

Sidéral, Lightwave nous jette au fond d'une grotte, avec, seulement, quelques lueurs transperçantes. Les titres des morceaux sont des noms de personnages que nous imaginons volontiers ensevelis, les uns autant que les autres, engloutis. Les sons filtrés et tuyautés fourniraient un cadre audio idéal au récent film de Neil Marshall, "The descent", où une bande de femmes court progressivement à sa perte au cours d'une plongée souterraine irréversible.

Deux sensations surnagent : la peur et la solitude. Tel une nouvelle graduation de l'effroi, chaque nouveau morceau s'aventure dans un espace où nous sommes subjugués par une forme de terreur solitaire. Comme au centre d'une immensité homogène, la beauté atmosphérique de l'album est cristalline et notre peur est grandiose. Il faut même parler de poids continuel de notre sensation prégnante d'être-à-l'univers hyper-solitaire. Les gouttes digitales et les éclairs passagers ont raison de notre sang-froid. Certains rythmes adoptent des cadences tribales, aux allures gores, comme sur "Serge P.". Lorsque, sur "Susan B.", quelques voix se mêlent aux bruits, l'affolement grandit. Puis ensuite, sur "Philippe D.", le stress prend encore de l'ampleur, il se produit comme des chocs, des collisions.

Lightwave déclasse l'auditeur, le réduit au statut de victime. Des pas soniques furtifs et brefs sont à nos trousses ; nos appels à l'aide doivent être assimilés à de simples bande-passantes parasitaires. Pourtant, "Pierre J.", une splendide épopée spatiale de plus de douze minutes, semble apporter un apaisement, à menus renforts d'orgues ; notre apaisement est de courte durée tant les poussières d'horreur filantes refont surface, dans l'urgence.

Macabre, opaque, mais scintillant, la magie criminelle de Lightwave est terrifiante, mais fascinante : d'une superbe noirceur, entre pesanteur cyclique et stroboscopie sonore.