Hand sown... home grown... & Silk purse

Linda Ronstadt

par Damien Berdot le 16/02/2010

Note: 8.0    
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Carrière prolifique et riche en succès que celle de Linda Ronstadt ! L'intérêt de cette réédition Raven regroupant ses deux premiers albums solo est qu'elle nous la montre au naturel (il n'y a qu'à voir les photos sur les jaquettes !), avant le virage vers une country-rock plus mainstream. A cette époque, Linda Ronstadt s'était surtout distinguée comme chanteuse des Stone Poneys, un groupe de folk-rock.

 C'est ainsi qu'on trouve, parmi les onze titres extraits du "Hand sown... home grown..." de 1969, deux remarquables reprises de Bob Dylan : la puissante "Baby you've been on my mind" (originellement "Mama you've been on my mind") et "I'll be your baby tonight". La première reçoit des cuivres lead, la deuxième un violon country : se trouvait déjà manifesté le flair en matière d'arrangements dont Linda Ronstadt ferait preuve plus tard. D'autres classiques : "Silver threads and golden needles", popularisé par les Springfields et Wanda Jackson, introduit ici par une guitare fuzz (!) ; "The only mama that'll walk the line" de Waylon Jennings (originellement "The only daddy that'll walk the line"), avec son riff descendant. Plus obscurs - mais pas moins jouissifs - , le "Bet no one ever hurt this bad" du tout jeune Randy Newman, et "A number and a name", un bel écrin pour la voix langoureuse de Linda. Pas de chansons originales, mais le complice de l'époque Stone Poneys Ken Edwards ainsi que le producteur Chip Douglas ("It's about time", plutôt réussie, avec ses arpèges acoustiques) offrent chacun une chanson. Enfin, Linda Ronstadt réussit à reprendre "The dolphins" de Fred Neil sans paraître trop légère auprès de la version du maître. C'est dire si cet album est décent - et on comprend mal l'insuccès (10000 exemplaires vendus seulement avant la sortie de "Silk purse" !) dont il a été victime.

"Silk purse" (1970), justement, a été enregistré à Nashville. Sans suprise, les arrangements sont plus traditionnels. Néanmoins, quand Linda Ronstadt reprend un auteur installé de la capitale du Tennessee, c'est Mickey Newbury, un des futurs "Outlaws" ("Are my thoughts with you ?"). Hank Williams a remplacé Bob Dylan ("Homesick blues") : Linda en reprend intelligemment les gimmicks vocaux, sans tomber dans la caricature. Le plus impressionnant, ce sont les chansons où Gary White est impliqué : la reprise de Paul Siebel, "Louise", chantée en duo ; et surtout ses propres compositions, "Nobody's", avec son harmonica et sa guitare légère, et "Long long time", qui deviendra un hit - le premier de la carrière de Linda Ronstadt. De tels titres, parsemés de violons, pourraient sombrer dans le pathos, mais la voix, toujours sensible, emporte tout.

En bonus est inclus le très bon "She's a very lovely woman", enregistré pendant les sessions de "Hand sown...", mais qui ne paraîtra en single qu'en 1971.