Dear John

Loney, Dear

par Jérôme Florio le 11/03/2009

Note: 7.0    

"Dear John", un titre en forme de carte postale, mais dont l'écriture aura pris plus de trois ans... Après une prolifique série de quatre disques entre 2003 et 2005 (parus ici en 2007), "Dear John" sonne le retour en fanfare de Emil Svanängen ; "Airport surroundings", qui ouvre le disque sur un départ en avion, serait-il le signe d'un décollage définitif ?

Ce nouveau disque est plus ouvert et coloré que les précédents, directement sortis d'un minuscule home-studio : les tournées autour du monde, les rencontres artistiques, un changement de label et davantage de moyens pour composer ont en effet donné des ailes à Emil Svanängen. Son écriture a évolué, elle s'éloigne de plus en plus des accointances folk pour se rapprocher de schémas croisés dans la pop et encore plus de la musique électronique ("Under a silent sea"). Place à la stratégie de l'empilement, les chansons sont comme des mille-feuilles, organisés avec minutie : un remplissage de l'espace avec pistes de voix, rythmiques, claviers, cordes - à l'image d'un DJ, on imagine Emil en train de démarrer/stopper les boucles en appuyant sur une touche de son clavier d'ordinateur. L'influence de Andrew Bird, avec lequel Svanängen a tourné et aussi collaboré sur leurs disques respectifs (ici "I got lost", avec une mélodie proche de "House of the rising sun"), se fait peut-être sentir. Mais à la différence de l'Américain, la construction des chansons est moins complexe. Après un début assez dynamique, le disque se dilue dans des ambiances instrumentales longuettes ("Under a silent sea", "Distant", Harm"...). De plus, Svanängen abuse sur la fin des morceaux de ses "na na na", mélodieux mais systématiques. A la fin de "Harm", on remarque quelques notes de l'Adagio d'Albinoni (1945) - qui fait grincer des dents depuis que les Doors (enfin, les survivants) l'ont massacré (je crois même que c'est la musique de la séquence de fin du film d'Oliver Stone, quelle faute de goût !).  

Sorti de sa chambrette pour de bon, Emil Svanängen produit maintenant une pop générique sans attaches, un tzim-boum tzim-boum à la légèreté appréciable, mais qui manque aussi de poids.


LONEY, DEAR Airport surroundings (Clip 2009)