Long Chris et Les Daltons (Collection Twistin' the Rock vol 12)

Long Chris

par Francois Branchon le 21/02/2002

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
La génération perdue


Stetson vissé sur la tête, jeans, santiags et guitare folk, Long Chris affiche sans affectation ni effet de mode l'amour d'une certaine Amérique, mythe à rêver de quelques petits français qui eurent vingt ans en 1960, au plus fort de l'explosion rock'n'roll aux Etats Unis. Pote d'Eddy Mitchell (pas par hasard) avec qui il chantait en 1961 devant les terrasses de café parisiennes, Long Chris forme Les Daltons et enregistre dès 1962 un premier quarante-cinq tours (adaptation de "Hello Josephine" de Fats Domino) avant d'être signé par Philips, la boite de son autre pote Hallyday. Cette réédition présente en deux Cd son intégrale pour ce label, avec jusqu'en 1965 (premier volume) une prédilection pour les 'chansons de cow-boy', aux rythmes galopants soulignés par les banjos ou les harmonicas, cinglées de "Yoo ! hoo !", avec une majorité d'adaptations, "Tryin' to get to you" de Johnny Carroll, "I'm going home" de Gene Vincent, "Got a funny feeling" de Cliff Richards, "Tallahassee Lassie" de Freddie Cannon, "We're gonna move" d'Elvis Presley, "Dancin' party" de Chubby Checker, les obscurs "Evergreen tree" et "Hot dollar", la reprise de "La ballade de Jessie James" et quelques compositions originales, elles-mêmes références au mythe du cow-boy à la Lucky Luke, solitaire et mélancolique ("Ma guitare et mes bottes" de Jean-Jacques Debout, "Le cow-boy solitaire", "Le train qui part ce soir", "Billy the kid", "Pour nos joies et pour nos peines"...). A partir de 1966, Long Chris se lance dans l'écriture et la composition, avec un talent indéniable, nettement au-dessus de ses qualités vocales, discutables. Assez proche de la verve d'Antoine l'homme se lâche, "Ce grand garçon", la reprise de "She belongs to me" de Bob Dylan loin du scolaire Hugues Aufray, "Plan de fugue", "La ballade du fils indigne", frôle la poésie psychédélique ("Hachisch", "Rêve mythologique", "Auto-extermination", "Paris se saborde"...), collabore avec le barde américain Steve Waring ("Le chat revient") et atteint les sommets avec "La génération perdue", lourde complainte rebelle, manisfeste pré soixante-huitard prémonitoire impressionnant. Johnny Hallyday qui la reprendra comme axe de son album londonien éponyme en 1967, se montrera politiquement correct avant l'heure en modifiant la conclusion, "Tu pourras faire briller le nom que l'on t'a imposé" devenant "Tu pourras faire briller le nom que ton père t'a donné" ! (pas question de choquer les parents, ce sont eux qui paient les disques de leurs gosses...).