Comme on a dit

Louise Attaque

par Francois Branchon le 15/01/2000

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Tout passe
La plume
La ballade de basse


Il y a chez Louise Attaque une tangible impression de proximité avec son public et de reconnaissance à son endroit. Le processus de lancement de ce deuxième album en témoigne, sans single radio ni campagne publicitaire tapageuse, mais avec un livret empli des noms des lieux, grands et petits (bonjour à Valence et St Agrève !) qui les ont accueillis, petits ruisseaux qui durant deux ans ont fini par faire le beau fleuve de meilleure vente française depuis des lustres pour un groupe de rock. (Voilà au passage une belle nique aux entreprises de marketing). Plus que cette impression de se pincer pour se croire où ils sont, les quatre Louise Attaque semblent bien vouloir exprimer (sans démagogie) qu'ils se foutent de leur nouveau "statut" et qu'ils font toujours partie du même monde "d'en bas". (C'est amusant en aparté, de comparer cet état d'esprit à celui par exemple d'un Lavilliers, toujours prêt à trouver une ficelle pour s'inventer un passé "prolétaire"). Et le monde d'en bas, que lui donner, sinon du plaisir ! Et de plaisir, ce deuxième album attendu au virage (loi du genre) n'en manque pas. Il passe magnifiquement le cap, gagnant en densité et en richesse. "Comme on a dit", toujours entre les mains de Gordon Gano des Violent Femmes (il en revient, lui, de cette aventure française tombée du ciel ?), est superbe, vivant et plein de sérénité à la fois. Difficile de trouver une faiblesse : directement touchant ("Sans filet"), quelquefois sur deux simples notes ("Tout passe"), traversé du début à la fin d'un violon aérien et parfois guilleret ("La plume", "Justement") et osant la remise en question (un signe des grands, de ceux qui ne se contentent pas de "gérer" une recette) avec cette aventure en terre à guitares hypnotiques (à l'allemande façon Can ou Amon Düül II) franchement excitante ("La ballade de basse"). Intuition : cet album a des richesses cachées, qui vont se révéler avec le temps...