Bell's a poppin'

Madeline Bell

par Francois Branchon le 05/02/2010

Note: 6.5    
Morceaux qui Tuent
Didn't want to have to do it

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Originaire du New Jersey mais émigrée en Angleterre au début des années soixante, Madeline Bell, chanteuse de gospel correcte, enregistre deux singles pop en 1964 (pour Columbia) avant de plonger dans le "swinging London" avec allégresse, et attirer facilement les chasseurs de chez Philips Uk en recherche d'une "Dusty Springfield noire" à qui faire chanter un répertoire de reprises soul américaines. Ainsi, après deux singles concluants en 1965, Philips finance l'album "Bell's a poppin'" en 1967, en ne lésinant pas sur les moyens : Johnny Franz produit (Dusty Springfield, les Walker Brothers c'est aussi lui, à la même période) et Arthur Greenslade arrange (le même qui enrobe Dusty Springfield, Cat Stevens, Gainsbourg & Bardot, les  Rolling Stones de cette mi-sixties...).

D'entrée "Picture me gone" (de Chip Taylor) donne le ton pop de l'album. Cependant, Madeline Bell se sent peut-être d'autres ambitions, plus classieuses, une prétention qui appellera la comparaison avec Dusty Springfield et ne tournera que rarement à l'avantage de Bell, qui manque singulièrement de coffre. Sur les reprises sans souffle des incontournables Bacharach/David, "What the world needs now is love" et "Last one to be loved", comme sur le plus obscur et malgré tout agréable "Don't come running to me" de Jean Wells (à l'origine par Aretha Franklin, et samplé par Saint-Etienne). Elle peut cependant être plus punchy ("One step at a time" de Maxine Brown), mais aussi anodine ("You won't see me" des Beatles, "It makes no difference now" des Walker Brothers) ou carrément à zapper (le sirupeux "Climb ev'ry mountain").

Américaine formatée selon les canons pop anglais de l'époque (Dusty Springfield, Shirley Bassey), Madeline Bell reste sur le créneau de la "variété", n'atteignant jamais la grâce ou la force de ses compatriotes contemporaines (Diana Ross, Dionne Warwick), sans même mentionner la densité d'une Esther Phillips, même si, le temps d'une chanson ou deux, elle peut paradoxalement en signer une des meilleures versions : "I'm gonna make you love me" (de Gamble/Huff) du répertoire de Diana Ross & The Supremes, "Soul time" de Shirley Ellis où les arrangements de Greenslade boostent le groove ou encore la très coulante "Didn't want to have to do it" des Lovin' Spoonful. "Bell's a poppin'" connaitra un succès suffisant pour permettre un deuxième album "Doin' things" (mais un ton en dessous de celui-ci, faute de répertoire aussi conséquent).

Cette réédition RPM inclue les deux singles Philips de 1965.



MADELINE BELL Picture me gone (Clip 1965)