Electronico

Madredeus

par Filipe Francisco Carreira le 06/07/2002

Note: 7.0    
Morceaux qui Tuent
Oxala
O paraiso
Guitarra


Périlleux exercice que celui du remix ! Mais ceux qui, en 1997, s'étaient procuré l'édition limitée de l'album "Paraiso" et ses trois remixes signés Jah Wobble s'en étaient rendus compte : la musique du groupe portugais se prête sans moue ni marchandage à ce genre de traitement. Madredeus est un groupe impur et son fado anticonformiste, mélange de tradition et de modernisme, ne saurait bouder l'électronique. Aussi, lorsque le bien nommé "Electronico" se pose sur la platine, l'effet de surprise n'atteint pas les cimes du mont Fujiyama ! La plupart des remixeurs conviés ne font que mettre en valeur la voix de Teresa Salgueiro et la dimension atmosphérique qui constitue le paysage sonore auquel le groupe nous a habitués tout au long de son impeccable discographie. Pourtant et même s'il est de bon ton de faire le malin, comment ne pas succomber aux charmes de "Vem (alem de toda a solido)", auquel Alpha prête son romantisme et son amour des envolées lyriques ? Le morceau prend subitement de l'altitude et, dès la seconde qui suit, nous contemple de là haut, puis redescend avant de repartir à nouveau, dans un va-et-vient épuisant pour les nerfs. Revisité par James Bright et Steve Miller sous le patronyme de Luv, "Haja o que houver" ondule, sensuel et troublant, invitation à la flânerie avant l'égarement définitif. Si la version que donnent Ralph Myerz et le Jack Herren Band de "O sonho" ne fera certainement pas reculer les frontières du possible, son élégance préserve - que dis-je - amplifie le caractère envoûtant d'une chanson aux accents chatoyants et à la mélodie irrésistible. Si la plupart des remixeurs n'osent s'attaquer à la structure et aux fondations propres au morceau choisi, seuls le longuet "O mar" (Banzai Republic) et le terne "Anseio" (Craig Armstrong) déçoivent réellement. Heureusement ce léger manque d'audace est largement compensé par trois essais fulgurants. Buscemi, Dj belge - ne pas confondre avec l'acteur - injecte une frénésie toute brésilienne à "O paraiso", transformant ainsi une chanson paisible en redoutable machine à danser, explosive et décomplexée. Dans "Oxala", les français de Télépopmuzik défigurent la voix de Teresa Salgueiro jusqu'à en faire un des éléments fondateurs du rythme avant qu'un jeune sauvageon canadien surnommé Manitoba ne fasse plier "Guitarra" sous un impressionnant déluge de percussions, coups de butoir sous haute influence Dj Shadow. Conclusion brillante pour un disque cohérent et pertinent, fondé sur un concept casse gueule mais dont Madredeus sort indemne et grandi. A bientôt pour de nouvelles aventures.