Euforia (& The Flemish Radio Orchestra)

Madredeus

par Filipe Francisco Carreira le 01/11/2002

Note: 6.0    

Au moment même où paraissait "Electronico", compilation de remixes à laquelle participent entre autres Alpha et Télépopmusik, Madredeus s'aventurait dans les (grands) espaces symphoniques en compagnie du Flemish Radio Orchestra, prouvant une nouvelle fois son insatiable curiosité, son intenable générosité. Cette rencontre impromptue mais pas incongrue donne aujourd'hui naissance à un double album gargantuesque rassemblant vingt-cinq titres s'étirant sur plus de deux heures. "Euforia" a donc tout pour rendre heureux. Il faut pourtant bien admettre qu'il déçoit même si on peut préférer se faire battre par Jean-Pierre Castaldi plutôt que de devoir le reconnaître. Bien entendu, il ne s'agit pas de remettre en question la valeur des musiciens impliqués dans le projet mais ces arrangements monumentaux n'apportent pas grand chose aux morceaux du groupe lusitanien. A peine en soulignent-ils les mélodies ; était-ce vraiment nécessaire ? N'eût-il pas été préférable de les bousculer, voire les maltraiter afin d'en tirer quelque chose de surprenant et d'inédit ? Ces chansons sont dans leur forme originale suffisamment habillées pour que le traitement ici appliqué ne paraisse superflu. D'autre part, ce qui fascine chez Madredeus, c'est son aptitude à faire sonner des compositions d'orfèvre denses et complexes au delà du raisonnable comme la chose la plus simple et la plus naturelle au monde. Or la virtuosité employée dans « Euforia » rend toute cette complexité apparente : "O pomar das laranjeiras" perd de son mystère et, par conséquent, de sa superbe, "Haja o que houver" est chargé plus que de raison. Certes, la plupart du temps, ces arrangements impressionnent - "Os dias sao a noite", "A capa negra (mano a mano)" - et la voix de Teresa Salgueiro est toujours aussi magnifique, neutralisant (presque) tout jugement critique. Pourtant, ce n'est pas parce que l'amour qu'on porte à un groupe se mue en admiration qu'il n'y a pas de raison de s'inquiéter. Au contraire.