Born to boogie - The soundtrack album

Marc Bolan - T.Rex

par Jérôme Florio le 04/08/2005

Note: 9.0    

En 1972, le groupe de Marc Bolan est au sommet de son succès, fort de quatre singles classés en haut des charts anglais ("Get it on", "Jeepster", "Telegram Sam" et "Children of the revolution"). Un fait sans précédent depuis les Beatles, et c'est d'ailleurs Ringo Starr qui se colle au filmage des deux concerts que donne T.Rex le 18 mars 1972 au Wembley Arena (le premier en matinée, le deuxième en soirée), de retour d'une longue tournée aux USA : cela donnera un film, "Born to boogie", d'autant plus prisé des fans qu'il était jusqu'à présent difficile à voir. Le présent Cd live en deux volumes accompagne la ressortie de "Born to boogie" en Dvd, supervisée par le producteur Tony Visconti.

T.Rex est un cas à part dans la théorie de l'évolution des espèces : d'abord un duo folk fantasmagorique de 1968 à 1970 sous le nom de Tyrannosaurus Rex, que Bolan propulsera à l'âge de l'électricité pour devenir le groupe emblématique du "glam-rock" : du bon vieux rock'n roll fardé de paillettes et d'ambiguïté sexuelle, avec des guitares qui lèchent goulûment des riffs lourds - une lignée qu'il fait remonter à Little Richard, grande folle des fifties, en reprenant "Tutti frutti". David Bowie phagocytera vite et brillamment le style pour donner vie à son Ziggy Stardust.

Mais pour l'heure, c'est la fête à Marc Bolan : fringué comme un toréador, cette petite gueule d'amour à la voix flûtée pousse des petits cris de satisfaction en lâchant la bride à son destrier électrique, sur un groove qui donne du bon temps aux "kids" venus en masse au concert. L'influence de Jimi Hendrix est palpable, dans la formation classique guitare-basse-batterie augmentée de percussions (on pense au "Band of gypsies"), et dans le jeu de guitare de Bolan (les longues cavalcades du volume 2, qui reprend le concert du matin). Cela dit, les qualités de T.Rex sont plus proches d'un bon bourrin bien solide que du pur-sang de l'Experience.
Le volume 1 (la bande-son du film) consiste en extraits du concert donné en soirée, entrecoupé d'intermèdes "backstage" pris à la volée, dans lesquels Ringo Starr ne peut pas s'empêcher de faire le clown : rejoints par Elton John (!) au piano, ils jouent tous ensemble un "Children of the revolution" sur lequel Starr pose sa rythmique reconnaissable, mate et claquante.

Passé cette tournée, Marc Bolan fera une tentative en solo et reviendra vite à T.Rex, mais les "kids" lassés sont allés voir ailleurs et le succès ne sera plus au rendez-vous. "Born to boogie" est la meilleure occasion de se pâmer devant Bolan à son meilleur, avant sa mort accidentelle en 1977. En ce jour de 1972, il réalisait le rêve du Jacky chanté par Jacques Brel : être, une heure seulement, irrésistiblement beau et con à la fois.


Disque 1 :
1. Intro
2. Jeepster
3. Baby strange
4. Electric wind (Poem)
5. Tutti fruitti (Elton, Ringo & T.Rex)
6. Children of the revolution (Elton, Ringo & T.Rex)
7. Look to the left (Marc & Ringo)
8. Spaceball ricochet
9. Some People like to rock (Marc & Ringo)
10. Telegram Sam
11. Some people like to roll (Marc & Ringo)
12. Cosmic dancer
13. They've come, tis said
14. Tea party medley
15. Union Hall (poem)
16. Hot love
17. Get it on
18. Children of the revolution (Reprise)
19. Bbc interview with Marc Bolan from late 1971

Disque 2 :
1. Rosko's intro (Emperor Rosko)
2. Cadillac
3. Jeepster
4. Baby strange
5. Spaceball ricochet
6. Girl
7. Cosmic dancer
8. Telegram Sam
9. Hot love
10. Get it on
11. Just one more ? (Emperor Rosko )
12. Summertime blues