La mitad del mundo / A metade do mundo

Maria Creuza

par Filipe Francisco Carreira le 01/06/2002

Note: 5.0    

Née en 1944 à Bahia au Brésil, Maria Creuza s’est rendue populaire en combinant radio, télévision et chanson. Habituellement, la multiplication d’activités dont le trait commun réside principalement dans leur caractère médiatique est de nature à inspirer la méfiance, heureusement, il suffit de quelques minutes d’écoute attentive pour se rendre compte qu’on n’a pas affaire à Ophélie Winter mais à une vraie chanteuse avec une voix et tout le reste, tout le reste comme par exemple des musiciens dont l’aisance technique est aussi évidente que leur volonté de ne pas en abuser mais de se concentrer sur leur matière première - les chansons - et de servir au mieux la voix douce et positive de Maria Creuza. Dans "Dama do casino" emprunté à Caetano Veloso, un accordéon délicat souligne habilement la fausse candeur des paroles : "Diz-se que quem é feliz no amor no jogo é infeliz / E de quem faz do amor um jogo / O que é que se diz ?" ("On dit "heureux en amour, malheureux au jeu" / Mais que dit-on de qui fait de l’amour un jeu ?"). Cette sobriété permet au morceau de ne pas basculer dans le mielleux alors que la chanson générique "La Mitad del mundo", curieusement le titre le plus faible de l’album, marine dans les bons sentiments et un concept vaguement foireux selon lequel l’amour serait une marée et l’homme, une sorte d’apprenti Kersauson qui n’aurait d’autre point cardinal que la moitié du monde (?). Si ce morceau ainsi que "Estambul" sont chantés en espagnol et témoignent ainsi de l’influence du lieu d’enregistrement - Barcelone -, le reste de l’album assume une identité beaucoup plus brésilienne : "Isto aqui o que é" respire la samba et "Arrastão", à la fois suave et frénétique, contemplatif et remuant, s’avère idéal pour les dimanches matin, les lendemains de fête et les gueules de bois en tout genre. La fin du disque révèle un aspect plus mélancolique avec le fragile "Samba em preludio" sans toutefois parvenir à changer l’impression de bien-être et de plaisir tranquille qui émane de l’ensemble. Et qui en fait un disque dont l’appréciation dépendra surtout de l’humeur et des circonstances. http://www.zanfonia@nexo.es