Songs from before

Max Richter

par Emmanuel Durocher le 07/06/2007

Note: 7.0    

"Songs from before" est le troisième album de Max Richter, après "Memoryhouse" en 2002 et "The blue notebooks" en 2004 ; pourtant ces trois volumes ne représentent qu'une fraction du parcours hétéroclite du quadragénaire allemand installé de l'autre côté de la Manche depuis de nombreuses années, de la Royal Academy of Music d'Edimburgh jusqu'aux projets ambitieux et collaborations variées (l'ensemble Piano Circus, le Future Sound of London, Roni Size ou encore Vashti Bunyan).

Après avoir habillé ses compositions avec des textes de Kafka et Milosz dans ses précédents opus, Richter conserve une ambiance de quotidien schizophrène en choisissant Haruki Murakami lu par Robert Wyatt, les paroles du roman initiatique du japonais coulent avec une fluidité incontestable des lèvres de l'ancien Soft Machine. La musique qui accompagne les mots ne nécessite que quelques notes de piano, violon et clavier qui forment des boucles sonores classiques se répétant et se superposant un peu selon les codes de la musique électronique, elles semblent vouloir s'étendre vers l'infini sans y trouver un écho ou une résonance particulière ; il en résulte une ambiance minimaliste où les températures voisinent avec le zéro absolu – froideur s'accorde avec rigueur et frigidité veut rimer avec beauté. Et même si certains aspects évoquent Yann Tiersen à ses débuts pour le côté désabusé ou Craig Armstrong sans le lyrisme exalté, on pense surtout à Michael Nyman dont le compositeur semble vouloir se faire l'alter ego en donnant à "Songs from before" des allures de bande originale où les morceaux apparaissent comme les plan-séquences d'un film imaginaire de Peter Greenaway.

La maîtrise des compositions de l'Allemand est autant un atout qu'un défaut, un trop plein d'assurance qui laisse difficilement filtrer les émotions – cela n'empêche pas quelques belles réussites, le diptyque "Autumn 1 & 2" ou "From the rue Vilin". Des titres joliment taillés dans du diamant noir, mon tailleur est Rich(t)e(r).