Velvet moods

Mel Tormé

par Sophie Chambon le 04/02/2008

Note: 8.0    

Chanteur, mais aussi pianiste, batteur, parolier et compositeur (sans ajouter romancier, acteur et pilote de ligne !), Mel Tormé était un artiste complet très proche de l'univers du jazz. Moins connu que Frank "the voice" Sinatra dont il était de dix ans le cadet, et auquel il rendit hommage dans un mémorable "Mel Tormé sings Astaire", sa carrière bien remplie ne connut pas le succès auquel il aurait pu prétendre. Pourtant sa voix fraîche et nuancée, aux intonations subtiles, en fait un crooner de talent, reconnaissable immédiatement. Sa voix de velours - il fut surnommé "the velvet fog" - une diction impeccable et une technique parfaitement maîtrisée en font un des grands chanteurs, un de ceux qui comptent dans le panthéon des jazz male singers ! Il excelle dans la ballade, swingue avec énergie, s'adapte et adopte tous les tempos même les plus "deguelandi", passe du blues à la bossa ou aux rythmes latins ("The carioca").

On entend sur cette réédition Cherry Red quelques standards qu'il transforme avec intelligence comme l'éternel "Night and day" de Cole Porter qu'il chante de façon plus musclée que Fred Astaire par exemple et en scatant d'une belle manière. On entend aussi quelques chansons de son cru comme le délicat "Born to be blue" qui ouvre l'album, "Welcome to the club", l'éternel "Christmas song" (repris par tellement de chanteurs et chanteuses), quelques titres accompagnés par le trio de Red Norvo (Charlie Mingus à la contrebasse) et une curiosité aujourd'hui un peu défraîchie la "California suite", aux cordes redoutables. Mais cette suite historique, plutôt discutable aujourd'hui était dans le style de l'époque. C'est la partie la plus datée du disque.

Mais s'il aimait à s'entourer de big bands plus ou moins suaves, il eut cependant comme compère inimitable et raffiné Marty Paich entouré de nombre de talents de la West Coast (écoutez à ce propos "The 1956 Tormé - Marty Paich legendary sessions" chez Fresh Sound). Une réédition au final intéressante qui permet de redécouvrir un grand du jazz vocal !