Deserter's songs

Mercury Rev

par Francois Branchon le 01/11/1998

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Holes
Goddess on a highway
The funny bird


Premier album depuis trois ans du groupe new-yorkais. On l'avait quitté poisseux, on le retrouve plutôt étincelant, soyeux et inventif. Et est-ce bien une surprise de trouver parmi les invités Levon Helm et Garth Hudson, anciens du Band ? Comme eux à la fin des sixties pour "Music from Big Pink", Mercury Rev s'est ressourcé en se retirant au fond des montagnes Catskill, recherchant la prise directe avec l'Amérique bucolique. Jonathan Donahue, Sean Makiowiak et consorts en ont rapporté un album de grande dimension et directement jouissif (attention aux cœurs fragiles ! ), parsemé de variations de styles subtiles et de gimmicks étonnants (la scie musicale, cadeau de l'arrangeur Jack Nitzsche à la fin de "Funny bird" ! ). "Deserter's songs" est dans la lignée des grands classiques de la pop américaine, rayon "Pet sounds" des Beach Boys, la densité instrumentale en plus. Car pour l'occasion ils remettent à l'honneur les sonorités amples de l'orgue Hammond et remontent du fond de l'oubli le mellotron (instrument fétiche des fossiles Moody Blues), dont les bandes magnétiques permettent de concentrer un bataillon de violons ! Quelques faits d'armes : "Holes" et "Tonite it shows", deux petites symphonies d'ouverture qui doivent faire rêver Van Dyke Parks et Harry Nilsson, "Opus 40", qui rappelle le Band période "The night they drove old dixie down", "Goddess on a highway", le plus parfait morceau de soft-rock jamais écrit et le presque trip-hoppien "The funny bird", bouillonnant chaudron de cuivres, de guitares et de cordes au souffle impressionnant. A part l'inutile et anecdotique "Delta sun", "Deserter's songs" est tout bêtement beau, beau et imposant à la fois !