Mercury Rev a 25 ans d'existence. Resserré aujourd'hui autour des membres fondateurs Grasshopper et Jonathan Donahue, le groupe émerge d'un long tunnel ("Snowflake midnight", 2008) au bout duquel "The light in you" fait figure de disque de convalescence.
Aux premières mesures, pas de surprise : le son riche, aux arrangements mouvants et kaléidoscopiques, est figé depuis "Deserter's songs" (1998). "Queen of swans" ressort le grand barnum instrumental, mais dans une humeur enlevée, voire chaleureuse. C'est la meilleure nouvelle que le groupe pouvait nous donner. Jonathan Donahue ne fait pas mystère des gouffres émotionnels par lesquels il a passé : quand il chante "unlock the door" (sur "Amelie"), c'est comme s'il s'enlevait un poids de la poitrine et qu'il se sentait prêt à s'envoler - ce qui se traduit un peu trop littéralement par du symphonique mou. "You've gone with so little for so long", à la fois bonbonnière rock à la déco en volutes aériennes et boîte à musique enfantine, oriente le disque dans une direction touchante, humaine, qu'il ne quittera plus. "Central east park" transforme un sentiment de décalage sentimental en sucre d'orge psychédélique ; malgré la débauche de harpes et de flonflons, et un rythme qui se durcit peu à peu, "Autumn's in the air" reste légère et prenante avec son beau paysage de cordes étales à la Debussy. Une tonalité volontariste et positive qui se traduit par des cuivres élancés propulsent "Coming up for air". Plus récréatives et anecdotiques, "Are you ready ?" et "Sunflower" sont à la recherche d'un état d'esprit insouciant.
Hymne aux disques qui illuminent les jours de pluie, "Rainy day record" conclut sur une note pêchue et solaire. Jonathan Donahue et Grasshopper croient sincèrement en le pouvoir guérisseur de la musique. Autrefois astre distant au son parfois trop imposant, Mercury Rev s'est rapproché de nous.
