Nearness of you : the ballad book

Michael Brecker

par Sophie Chambon le 07/09/2001

Note: 7.0    

Dans ce septième album en solo, Michael Brecker retrouve ses complices des débuts avec un plaisir évident pour un projet hors du temps : il s'est payé le luxe de revenir aux ballades comme dans son disque préféré de Coltrane.

"Nearness of you" est un album pour les nostalgiques : écoutez un peu le revenant James Taylor dans le titre de Hoagy Carmichael "Don’t let me lonely tonight", tout un programme. A partir d'un répertoire de standards (Brecker a tout de même évité les thèmes favoris du ténor) et de compositions originales de Herbie Hancock ("Chan's song"), de Pat Metheny et de lui-même, le disque évolue d’une rêverie doucement intime à une deuxième partie encore plus introspective qui annonce l'épilogue. Pas de brutalité des saxophones, de stridulations free qui se voudraient d'avant-garde alors qu'elles n'expriment plus aujourd'hui qu'un code supplémentaire. Mais une élégance tranquille, désuète parfois, un chic un peu défraîchi pour ces quinquas qui ne tiennent pas encore à quitter la scène. Un des morceaux de Brecker s'appelle "Incandescence" et l'on pourrait s'étonner de ce titre. Car la tonalité est au contraire très soft, plutôt easy listening et ce n'est pas la pléiade de 'sidemen' autour de Michael Brecker qui semble s'en plaindre : Pat Metheny, qui a coproduit l'album et écrit beaucoup d’arrangements, l'incontournable Herbie Hancock qui n'en finit pas de chercher de nouvelles associations ou de renouer avec de vieux complices, Jack De Johnette qui s'est provisoirement échappé de l'emprise de Jarrett et Charlie Haden qui a abandonné le Liberation Music Orchestra, ou son Quartet West. On est loin du mythique "Steps ahead" et des albums plus rock avec Zappa ("Live in New York" en 1977), cela sonne plutôt comme un album de garde, à feuilleter à deux, l'automne venant. Pas indispensable mais tendre et lyrique. Il n'y a pas de mal parfois à se laisser aller.