Excuses for travellers

Mojave 3

par Guillaume Cordier le 19/06/2000

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
My life in art
Got my sunshine


Le groupe de Neil Halstead sait bien ce qu'il est en train de faire : écrire des chansons qui ne se soumettent pas à l'air du temps, qui, bien plutôt, tracent une voie intemporelle et mélancolique vers ce que l'on pourrait appeler la sérénité. Ici la longueur des chansons ne se ressent pas ("My life in art" fait plus de sept minutes, assez rare pour une chanson "pop"), et le chant est surprenant de simplicité et d'émotion. Souvent composé de deux voix qui se mêlent l'une à l'autre et se soutiennent, le timbre en varie imperceptiblement suivant les morceaux. Tout se joue d'ailleurs dans l'imperceptible et dans une douce communion. Dans "My life in art", sommet génial de l'album, les magnifiques arpèges de la guitare et l'accompagnement discret, serein, de l'harmonica et du clavier portent avec langueur le chant évasif, cette lancinante et fugitive mélopée. Et si le rythme se fait plus rapide, plus entraînant, si les chansons, plus concises, retrouvent un format pop familier ("Return to sender" et "Anyday will be fine"), elles se changent alors en irrésistibles envolées d'espoir, en jaillissements effrénés de vie. Ca et là, un glissement de cuivres, ligne chaude et sinueuse, ou d'inattendues voix féminines : celle de la bassiste Rachel Goswell sur "Bringin' me home", ou, pour clore l'album de façon majestueuse, un choeur gospel sur "Got my sunshine", chanson frissonnante et aérienne. "Excuses for travellers" est un fruit doux souvent, amer rarement...