Molina and Johnson

Molina and Johnson

par Jérôme Florio le 20/01/2010

Note: 7.5    
Morceaux qui Tuent
Almost let you in
In the Avalon / Little killer

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On n'attend pas de deux grands solitaires qu'ils se livrent complètement l'un à l'autre. Jason Molina et Will Johnson se sont retrouvés une dizaine de jours pour enregistrer ce disque qui ne sonne pas vraiment comme une collaboration, mais plutôt comme deux fortes personnalités partageant leurs chansons en essayant de voir comment chacun peut s'y reconnaître et y répondre.

Molina (Magnolia Electric Co.) et Johnson (Centro-Matic, South San Gabriel) sont des mineurs qui vont au charbon, presque dans tous les sens du terme : ils creusent toujours plus loin vers l'intérieur, et portent leurs trouvailles intimes sur les routes. Ils ont besoin de très peu pour planter le décor - la seule voix de Molina accroche et tire immédiatement ses compositions, presque malgré lui, vers un tragique intemporel. Le folk, c'est un peu comme la vigne : industriellement nourrie, elle donnera un vin agréable mais générique ; qu'elle se batte davantage pour exister, et le résultat dégagera de la personnalité. Molina et Johnson, c'est la deuxième option : un terrain aride, qui n'en finit pourtant plus de produire des chansons fortes. "Twenty cycles to the ground" (chanté par Johnson) sonne comme du pop-rock ensablé, à laquelle répond "All falls together" de Jason Molina. Will Johnson gagne le premier round au piano avec la profonde "In the Avalon / Little killer" ;  Molina revient au score sur "Blues" : match nul, une égalité parfaite que viennent renforcer les titres en duo, notamment "Almost let you in" avec ses harmonies vocales plus chaudes, presque soft-rock. "Now, divide"  est une simple psalmodie qui crée une ambiance quasi mystique. Les deux songwriters sont à l'occasion entourés par des amis et membres de leurs groupes respectifs. "All gone, all gone" est chanté par Johnson et Sarah Jaffe, une chanteuse texane ; le son de guitare y est curieusement dégradé, comme plus loin l'harmonica de "Blues".

A la moitié du disque, une série de titres lents s'enfonce dans un clair-obscur qui fait fléchir l'attention (et la tension). Toutefois, l'échange entre Will Johnson et Jason Molina ne manque pas de tenue et dresse un tableau grave, imposant, du paysage intime et musical dans lequel ils évoluent.



JASON MOLINA & WILL JOHNSON All falls together (Audio) © muzark